Abdelaziz Naji, 35 ans, ex-détenu algérien libéré de la prison de Guantanamo et extradé vers l'Algérie, est actuellement entre les mains des services de sécurité algériens pour enquête. C'est ce qu'a confirmé hier Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), en réponse aux infirmations faisant état de sa disparition. L'ancien détenu, qui a été extradé vers son pays d'origine, alors qu'il avait refusé cette mesure, est soumis entre les mains de la police qui l'interroge comme c'est le cas de tous les ex-détenus de Guantanamo. Farouk Ksentini ne révèle, cependant, pas l'endroit où Abdelaziz Naji est détenu ni l'identité des services qui procèdent à son interrogatoire. La loi antiterroriste algérienne stipule la mise sous interrogatoire de toute personne suspectée de terrorisme pendant une période de 12 jours avant sa libération. En cas d'existence de charges antécédentes contre la personne, celle-ci sera traduite devant la justice. En attendant, les ONG américaines s'agitent. La disparition de cet ex-détenu, transféré le 19 juillet dernier du centre pénitencier illégal de Guantanamo où il était détenu depuis 2002 après avoir été capturé au Pakistan, a été signalé par une l'ONG américaine Center for Constitutional Rights. De son coté, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), Hocine Zehouane, a confirmé les déclarations de l'ONG américaine, versant cependant dans l'alarmisme et l'exagération en soulignant que cette disparition n'est pas un fait isolé et que cette «détention peut durer des mois, et il n'est pas impossible qu'il ne réapparaisse pas». Intervenant sur les colonnes d'El Watan, M. Ksentini estime que «cette disparition peut être l'œuvre du prisonnier lui-même puisqu'il avait déjà émis le vœu de ne pas rentrer en Algérie. Accuser l'Etat algérien d'être l'auteur de cette disparition est quelque chose de très grave, diffamatoire et inadmissible. Il faut laisser l'Etat algérien faire ce qu'il faut pour lutter contre le terrorisme», a déclaré le président de la CNCPPDH aux ONG qui accusent les autorités algériennes d'avoir fait disparaître l'ex-détenu. Le renvoi de Naji est venu, à la suite de garanties algériennes et des assurances américaines. Ses deux avocats américains avaient, en effet, plaidé pour que Naji soit autorisé à rester dans l'Etat du Massachussetts, aux Etats-Unis, arguant le prisonnier craignait pour sa vie. Les autorités américaines ne l'entendaient pas de la même oreille. Le Pentagone estimait que le rapatriement de Naji ne constitue pas une menace pour l'ancien prisonnier car l'Algérie et les Etats-Unis «collaborent pour s'assurer que les transfèrements aient lieu dans les conditions de sécurité appropriées». Pour rappel, des opérations similaires ont concerné pas moins d'une dizaine d'autres ex-détenus de Guantanamo, transférés vers l'Algérie. Certains sont aujourd'hui libres de leurs mouvements, d'autres sont poursuivis pour des chefs d'inculpations liés aux activités terroristes.