C'est un pécheur qu'il m'arrive de croiser le matin, lorsque je sors aux aurores de chez moi. Ce qui m'arrive peu souvent, je dois bien l'avouer. Mais lorsque je le rencontre, cet ami pécheur échange quelques amabilités avec moi. Nous devisons du temps qu'il fait et surtout de celui qu'il va faire. Des banalités pour moi. Des trucs très importants pour lui, car que serait un pécheur, même amateur sans météo, hein ? Hier, nous nous sommes croisés encore une fois. Et banalité pour banalité, je lui ai demandé ce qu'il utilisait comme appât. « Le pain ! » m'a-t-il répondu tout de go. Je lui ai alors fait gentiment remarquer qu'il avait une canne à pêche à la main, mais que je ne voyais nulle trace de pain dans son couffin. Il m'invita alors à faire quelques pas en sa compagnie, jusqu'à l'entrée de la cité. Là où est posée la grosse benne à ordures. « Regarde ! C'est là que je le prends le pain ! J'en ai à volonté ! Il m'arrive même de choisir les genres de pain en fonction des poissons que je veux pécher. » Et Dieu qu'il avait raison ! Là, dans cette benne, l'homme avait le choix : de la baguette, à la flute, en passant par le pain rond et le pain brioché. Heureux, les poissons...Allez ! A demain ! [email protected]