Les relations entre l'Algérie et la France ont été polluées par plusieurs problèmes, notamment par l'affaire du diplomate algérien Hasseni et celle des moines de Tibhirine, a indiqué jeudi le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, dans un entretien au quotidien l'Expression. "Concernant les relations politiques entre les deux pays, je dirais qu'elles ont été polluées par plusieurs problèmes, comme l'ancienne affaire du diplomate Hasseni, l'affaire des moines de Tibhirine et puis la question de la mémoire", a-t-il dit, notant que pour l'affaire Hasseni, le problème "est réglé", alors pour celui de Tibhirine, "on a laissé supposer que l'Algérie était responsable de la mort des moines". "Ces deux volets, qui ont un peu masqué les choses, se sont réglés. Ils se sont réglés par le retour à la vérité. Cette vérité qui, du côté français, ne voulait pas être reconnue. Cette vérité qui est reconnue aujourd'hui par la justice française et par un témoin vivant et conscient pour ce qui est de l'affaire de Tibhirine", a-t-il rappelé. M. Medelci a affirmé que pour ces deux dossiers, "l'Algérie était du côté de la vérité", soutenant qu'"il est bien, politiquement, de le reconnaître". "Je crois, a-t-il ajouté, que c'est bien qu'on ait pu régler ces problèmes, mais c'est mieux de les reconnaître comme autant d'erreurs à l'endroit d'une Algérie qui a suffisamment accumulé les mauvaises grâces d'un partenaire historique comme la France". Pour le problème de la mémoire, le ministre a relevé qu'il "reste posé entre nous". Sur le plan de la coopération économique, le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que l'Algérie "veut avoir plus d'investissements en retour". "Parmi les partenaires les plus forts au sein de l'Union européenne, le message a été entendu par le partenaire français. Pour l'Algérie, diversifier son économie, ce n'est pas seulement un objectif économique, mais aussi politique", a-t-il expliqué. Au sujet des relations avec le Maroc, le ministre a estimé que les échanges de visites bilatérales au niveau ministériel, "vont dans le sens de la consolidation du processus de normalisation" entre les deux pays. "Ces dernières années, les ministres marocains venaient souvent en Algérie pour des réunions multilatérales. C'était le cas, aussi, pour les ministres algériens qui se rendaient au Maroc. Cet échange de visites ministérielles au niveau bilatéral témoigne d'une volonté d'améliorer nos relations avec ce pays frère. Ce qui n'était, il y a à peine trois mois, qu'une déclaration, est maintenant réel", a-t-il souligné. "Dans quelques jours, nous allons recevoir le ministre marocain de la Jeunesse et des Sports. Nous sommes en train de mettre au point un calendrier concernant les secteurs de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de l'agriculture", a-t-il ajouté, excluant toutefois que cette série de mesures vise à ouvrir les frontières terrestres entre les deux pays. "Nous n'avons pas mandaté les ministres pour travailler sur la question de la frontière. Ils ont mandat pour développer des relations de coopération sectorielles", a-t-il affirmé, estimant que "ce sont des mesures politiques de grandes envergures qui pourraient nous permettre de résoudre tous les autres problèmes" et que la frontière "ne peut pas être fermée tout le temps". "Il faudra bien que nous réunissions, des deux côtés, les éléments nécessaires tant au plan politique que sécuritaire et économique qui pourraient justifier la ré-ouverture des frontières", a-t-il ajouté, soulignant que ces visites ministérielles "ne signifient pas qu'elles devaient avoir un effet sur notre façon de voir le problème du Sahara occidental". "Cette question est gérée à part par l'instance onusienne", a-t-il conclu.