ALGER - Une nouvelle vague de violences a secoué jeudi la capitale irakienne Baghdad, faisant 54 morts et près d'une centaine de blessés, aggravant davantage la situation sécuritaire dans le pays, dont le gouvernement est paralysé par une crise politique. Au lendemain des attaques ayant visé un poste de contrôle dans le centre de l'Irak, et qui ont fait trois morts, de nouvelles explosions ont eu lieu jeudi matin dans le quartier de Kadhimiyah et près d'un hôpital à Sadr City, selon des sources sécuritaires. Dans le quartier d'Al Kadhimiyah, 12 personnes ont été tuées et 22 autres blessées dans deux attentats à la voiture piégée, tandis qu'un autre attentat suivi d'une double explosion près de l'hôpital où étaient conduits les blessés a fait 9 morts et 35 blessés dans l'enclave de Sadr City, a-t-on indiqué de mêmes sources. Trente autres personnes ont été tuées et 72 blessées dans un attentat visant jeudi un groupe de pèlerins près de Nassiriya, dans le sud du pays, selon les autorités locales. "L'attentat s'est produit lorsqu'un homme a détonné la charge d'explosifs, qu'il portait sur lui, dans un lieu de repos pour les pèlerins", selon les mêmes sources. "30 personnes dont un lieutenant de l'armée ont péri et 72 autres ont été blessées", ont-elles précisé. Ces violences surviennent après celles qui avaient fait 60 morts le 22 décembre dernier. Plusieurs autres régions de l'Irak sont confrontées à ce genre de violences quasi-quotidiennes qui font des morts et des blessés, sans compter les dégâts matériels. Ces dernières semaines, des attaques ont été perpétrées contre des responsables politiques irakiens et des membres du gouvernement. L'Irak fait face depuis plus de deux semaines à une crise politique née des critiques du bloc "Iraqiya" à l'égard des méthodes "autoritaires" du Premier ministre Nouri Al-Maliki. A cela s'ajoute un mandat d'arrêt lancé à l'encontre du vice-président Tarek Al-Hachémi, pour accusation de soutien et de financement d'actions terroristes par ses gardes du corps, ce qui a accru la crise entre le Premier ministre et le groupe parlementaire Iraqiya, soutenu par M. Al-Hachémi. M. Al-Hachémi, qui s'est réfugié dans la région autonome du Kurdistan irakien (nord), avait rejeté toutes ces accusations et s'était exprimé dans plusieurs médias pour dénoncer ces charges. Deuxième groupe parlementaire, Iraqiya a décidé de boycotter le Parlement et le gouvernement pour dénoncer l'autoritarisme d'Al-Maliki. Ce dernier a réagi en menaçant de remplacer les neuf ministres d'Iraqiya et en réclamant le limogeage de son adjoint, Saleh Motlak. Préoccupés par la situation actuelle en Irak, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, et des organisations internationales, dont l'ONU, n'ont pas cessé d'appeler au dialogue pour désamorcer la crise et œuvrer pour la stabilité du pays. Dans ce cadre, le vice-président américain Joe Biden avait effectué fin décembre une courte visite à Baghdad, où il s'était entretenu avec les dirigeants irakiens des moyens de sortir le pays de cette impasse. Face à la crise, les différentes formations politiques irakiennes veulent obtenir une médiation de l'Iran dans la crise qui les divisent et qui risque de provoquer un conflit ethnique. Mercredi, l'envoyé de l'ONU en Irak, Martin Kobler, a exprimé sa préoccupation sur l'impasse politique et la montée des tensions confessionnelles dans ce pays, à l'occasion d'une rencontre avec de hauts responsables irakiens dans la région du Kurdistan. Dans un communiqué publié après cette rencontre avec le président irakien Djalal Talabani dans la ville de Sulymaniya, M. Kobler, qui est le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Irak, a exhorté tous les partis politiques ''à travailler ensemble dans un esprit de partenariat'' et à résoudre leurs différends grâce à ''un dialogue significatif''. L'appel de M. Kobler suit celui du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui s'est dit mardi préoccupé par la persistance des tensions politiques en Irak et a appelé le gouvernement "à renforcer ses institutions démocratiquement élues".