Le débat autour des fonds souverains revient encore une fois au devant de la scène. Hier, et en marge des journées d'étude sur les synergies entre l'agriculture et l'industrie, l'ex-ministre des Finances, M. Abdelatif Benachenhou, a estimé que l'Algérie dispose déjà d'un matelas financier confortable, lequel pourrait se consolider encore. Dans ce contexte, il a estimé que la perspective de voir les réserves de change de l'Algérie atteindre les 200 milliards de dollars d'ici la fin de l'année est très plausible. Le tout est de savoir à quel escient utiliser cette manne financière. Dans ce sens, M. Benachenhou a plaidé pour la création d'un fonds souverain. Il dira ne pas comprendre les propos de ceux qui estiment que l'investissement des réserves de change dans un fonds souverain peut s'avérer dangereux. Dans ce contexte, l'ex-ministre des Finances préconise de mettre 10 % de ces réserves dans un fonds d'investissement qui effectuera 80 % de ses opérations à l'interne. Et d'ajouter qu'il ne s'agit aucunement de consentir des investissements à l'aveuglette mais que ce fonds souverain soit mis en place grâce à la contribution de professionnels et de compétences. L'ex-ministre des Finances estimera qu'il est nécessaire d'ouvrir le débat sur les fonds souverains et la stratégie de financement de la Sonatrach, ces deux questions étant intimement liées. Il indiquera, dans ce sens, que la compagnie nationale des hydrocarbures ne peut en aucun cas poursuivre une stratégie d'internationalisation convenable sans l'accompagnement d'un fonds souverain. M. Benachenhou dira qu'il ne s'agit pas, dans ce contexte, de remettre en cause la gestion des réserves de change par la Banque d'Algérie, car c'est une institution de la République qui est sous la responsabilité du président de la République, mais qu'il s'agit de s'éloigner des débats politiques et se recentrer sur le débat économique au sein des institutions de la République, lesquelles devront jouer leur rôle. Il estime que les questions économiques et financières sont d'une extrême importance et qu'elles doivent faire l'objet d'un dialogue élargi. Abondant ce contexte, l'ex-ministre des Finances propose de revenir à plus de souplesse dans le domaine de la supervision bancaire et bien délimiter les frontières entre les actes de gestion et les délits économiques. Il avouera être co-responsable des mesures qui ont été prises en 2004 au lendemain du scandale Khalifa en matière de renforcement des règles prudentielles, car il s'agissait à ce moment là de protéger l'économie du pays. Mais aujourd'hui, la donne a changé, et il faut tourner cette page et faire en sorte de favoriser l'implantation de banques à l'image de HSBC qui souhaite s'installer en Algérie. Pour M. Benachenhou, le débat devrait se pencher sur les facteurs de croissance, en comparant d'abord les expériences de nos voisins avec la nôtre. Il s'agit également de poser le problème en termes de reconquête du marché intérieur, en développant plusieurs secteurs de l'industrie comme l'automobile, l'industrie pharmaceutique et l'industrie du ciment, qui se développe actuellement à un rythme accéléré. Dans ce sens, il évoquera Lafarge qui affiche déjà des ambitions dans le marché algérien. M. Benachnhou dira que le leader mondial des matériaux de construction peut s'attribuer 37% du marché national du ciment dans très peu de temps et qu'il prévoit dans ce sens de faire passer sa production de 6,5 millions de tonnes à 15 millions de tonnes. L'ex-ministre des Finances estimera, également, qu'il faut ouvrir le débat sur l'agriculture et évaluer le soutien financier public à ce secteur. Dans ce sens, il estime qu'en 8 années, le soutien financier public a plus profité aux producteurs d'équipements, plutôt qu'aux exploitants agricoles. La raison réside dans le fait que les EAC qui se sont disloquées n'avaient plus le statut juridique nécessaire pour s'adresser aux banques et prétendre à un financement. De fait, le soutien n'a pas profité aux terres les plus fertiles.