Les prix des poissons blancs et bleus ont atteint, depuis le début du mois du ramadhan, des seuils vertigineux, au point où l'Oranais ordinaire a tout bonnement éliminé de sa "table" les plats à base de ces produits de mer. Aux marchés des fruits et légumes de la ville d'Oran, comme ceux de la rue des Aurès (ex-La Bastille), Emir Khaled ou encore de l'USTO et les quelques points de vente ouverts près de la pêcherie, les clients restent effarés par les prix affichés qui "frisent la démence", selon de nombreuses ménagères. Les prix sont indexés au même niveau quel que soit le lieu, aussi au niveau des marchés couverts et non couverts et chez les vendeurs ambulants qui arpentent les quartiers de la ville. La sardine, plat du pauvre naguère, est cédée à 300 dinars le kilogramme, la crevette de taille moyenne à 2.500 DA le kilogramme, la crevette royale à plus de 3.000 DA/ le kg, le merlan à 1.700 DA/kg, le rouget à 1.600 DA/le kg et le calamar à 1.300 DA/le kg. Selon les professionnels du secteur, cette hausse des prix n'a pas normalement sa raison d'être dans la mesure où les produits halieutiques sont cédés à des prix très abordables aux détaillants qui n'hésitent pas à tirer le maximum de bénéfices devant la forte demande des consommateurs. Au niveau de la poissonnerie d'Oran, la sardine est cédée aux détaillants à 180 DA/kg, la crevette à 900 DA/kg, le calamar à 850 DA/kg et le merlan à 1.200 DA/kg. Pour faire face à cette situation qui se répète à chaque ramadhan, les familles prévoyantes acquièrent de grandes quantités de poissons lorsque les prix sont abordables. Ce poisson est congelé pour être préparé durant le ramadhan. Les autres familles et les bourses moyennes se rabattent sur les poissons surgelés disponibles à profusion même si leurs prix ont connu également une hausse sensible ces derniers jours. Si les poissonniers justifient cette frénésie des prix par "une offre en deçà de la demande", le Directeur de la Pêche et de l'aquaculture de la wilaya d'Oran, Bengrina Mohammed, rejette cet argument et indique que "le poisson est disponible en quantités raisonnables" en ce mois sacré du Ramadhan. "La quantité pêchée mardi a été de l'ordre de 30 tonnes de poissons blancs et bleus et les prix de vente pratiqués au détail au niveau de la poissonnerie d'Oran étaient abordables", affirme-t-il. M. Bengrina estime, dans ce contexte, que la mise en place d'un marché spécialisé dans la vente des produits de mer à Oran est à même de maîtriser et réguler les prix du poisson. Dans ce sens, il a noté une coordination avec les secteurs concernés pour créer un marché du poisson au niveau des nouvelles halles d'El Karma, qui doit être conforme aux normes internationales en vigueur.