La 6e édition du Festival d'Oran du film arabe (FOFA), clôturée samedi soir, a confirmé à travers son palmarès l'attachement de cette manifestation aux objectifs assignés dès sa création pour promouvoir le rayonnement de la production cinématographique arabe. Les récompenses attribuées dans les différentes catégories des compétitions de cette 6e édition du festival constituent, dans ce sens, le symbole fort de cette démarche encourageant la libre expression des cinéastes et artistes, porteurs des aspirations des sociétés arabes. "Cette manifestation culturelle et artistique est une meilleure occasion pour le rapprochement des peuples arabes", avaient souligné les membres de la délégation égyptienne ayant pris part à cette 6ème édition, observant en outre que c'est "le seul festival" qui s'intéresse exclusivement au cinéma et aux films arabes. Le thème de "l'aspiration à une vie meilleure" et ses corollaires comme "l'exode", "l'émigration", "la nostalgie du pays natal" et "l'exil forcé des Palestiniens spoliés de leurs terres par les forces d'occupation israéliennes", se sont imposés dans ce cadre parmi les thèmes majeurs de ce festival. Le 6ème FOFA a également permis d'aborder les conditions de travail en zone de conflit comme en Syrie où, en dépit des tragiques événements que vit ce pays, l'activité artistique "ne s'est pas arrêtée", avait affirmé le réalisateur syrien Ghassan Shmeit, ajoutant que les artistes dans ce pays font de leur mieux pour poursuivre leurs activités. La lutte du peuple algérien durant la période coloniale a été, quant à elle, mise en relief à travers nombre de films nominés ou projetés hors compétition au titre de cette édition coïncidant avec la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale. Le public Oranais gardera également en mémoire l'émotion suscitée par le film palestinien "Lamma Choftek" (Quand je t'ai vu) d'Anne-Marie Jacir qui aborde l'espoir auquel s'accrochent les réfugiés palestiniens de regagner leur pays et d'y vivre librement et en toute souveraineté. Le film révolutionnaire arabe en général et algérien en particulier a été à cet égard au centre de tables-rondes animées en marge du festival par des historiens, chercheurs et cinéastes, marquées aussi par la présentation de nouveaux ouvrages thématiques signés par d'illustres noms à l'instar de l'écrivain et figure du cinéma algérien Ahmed Bedjaoui, auteur d'un nouveau livre intitulé "Images et visages au coeur de la bataille de Tlemcen", illustré par les planches de son collaborateur, le peintre algérien Denis Martinez. Les débats engagés autour de la situation et des perspectives du développement cinématographique ont d'emblée incité certaines structures à prendre des décisions concrètes, à l'exemple du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d'Oran qui envisage la création, en 2013, d'un ciné-club destiné aux universitaires et chercheurs dans le septième art. Les pionniers du cinéma algérien ne sont pas en reste puisque cette édition a rendu hommage à dix personnalités connues pour leur contribution au développement de l'art cinématographique, à savoir Boualem Bessaïh, Zahra Drif Bitat, Nouria Kasdarli, René Vautier, les frères Mohamed et El Hadj Ben Salah, ainsi que les regrettés Sirat Boumediene (1927-1995), Aïcha Adjouri (Kelthoum, 1916-2010), Gillo Pontecorvo (1916-2006) et Rachid Farès (1955-2012). "C'est notre devoir de raconter les exploits et d'honorer comme il se doit ceux dont les noms sont gravés au cœur des anciennes bobines et qui ont beaucoup donné à la création cinématographique", avaient souligné les organisateurs en rappelant que le parcours de ces figures culturelles et artistiques a été entamé pour la plupart d'entre elles durant la période coloniale, dans des conditions défavorables dues notamment à la censure de toute forme d'expression patriotique. "Ce festival s'est imposé au fil des ans à Oran où il est devenu la manifestation phare de la ville", a observé M. El Hadj Bensalah, membre du jury du court-métrage et ancien directeur de la cinémathèque d'Oran. Ce rendez-vous culturel gagnerait, selon lui, à "déboucher sur une prise de conscience réelle quant à l'intérêt de réhabiliter la vocation des salles de projection et d'accueillir d'autres événements comme l'organisation de journées internationales du court-métrage". D'aucuns parmi les Oranais ont confié quant à eux que cette 6e édition a agréablement rythmé leur quotidien, confirmant ainsi la ferme ambition de la capitale de l'Ouest à se hisser parmi les grands pôles culturels et touristiques du bassin méditerranéen.