La vague de contestation sociale en cours en Tunisie pour l'emploi et le développement a tourné aux saccages et pillages, ont rapporté vendredi des médias locaux. A Tajerouine (gouvernorat du Kef), des protestataires ont attaqué, dans la nuit de jeudi à vendredi, le siège du district de la sûreté nationale avec des cocktails Molotov, ont pris d'assaut des espaces commerciaux et bloqué, avec des pneus en feu, les artères principales de la ville. La cité Ettadhamen (gouvernorat de l'Ariana) a connu également des affrontements entre les protestataires et les unités de la garde nationale et des actes de vol et de pillage de locaux commerciaux. D'autre part, différents établissements publics à Skhira (gouvernorat de Sfax) ont été fermés ce vendredi par des protestataires. Le colonel retraité de l'Armée nationale Brahim Haddad a estimé vendredi que la situation sécuritaire et militaire est difficile et nécessite l'intervention immédiate des politiques pour apaiser les tensions et trouver des solutions concrètes pour les manifestants. Il a en outre indiqué que la situation pourrait s'aggraver et générer d'autres manifestations dans d'autres régions, soulignant que les groupes terroristes sont " les premiers bénéficiaires de la situation chaotique et l'escalade des tensions". La Présidence du gouvernement avait mis en garde, jeudi, contre le risque d'exploitation des rassemblements et de la dispersion des efforts des forces de sécurité "pour commettre des actes terroristes, porter atteinte à la sécurité des citoyens et semer le désordre dans le pays". Elle a en outre appelé les partis politiques et la société civile à "sensibiliser l'opinion publique à la gravité de la conjoncture et aux dangers et menaces qui visent la Tunisie et le processus démocratique et à préserver l'unité nationale" ajoutant que le dialogue reste ouvert à toutes les parties concernées. Dans ce cadre le parti Ennahda a appelé vendredi, dans un communiqué, les Tunisiens à "faire face avec responsabilité aux tentatives visant à plonger le pays dans la violence". Il a en outre invité le peuple tunisien à resserrer les rangs pour prémunir le pays contre des dangers qui le guettent et faire aboutir le processus de transition démocratique et répondre aux aspirations du peuple à la liberté, la dignité et le développement économique et social. Les troubles ont commencé à Kasserine (centre), après la mort d'un chômeur de 28 ans, électrocuté en montant sur un poteau, alors qu'il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.