Un dispositif de soutien aux cultures fourragères a été mis en place pour améliorer les performances des élevages afin de parvenir à l'augmentation de la production laitière et à la réduction de l'importation de la poudre de lait, ont indiqué dimanche des responsables du secteur. Le grand déficit en alimentation des élevages, principale contrainte de la filière lait, a poussé les pouvoirs publics à réorienter leur soutien aux cultures fourragères, a expliqué Mme Sabah Yousri, la représentante de la direction de la régulation et du développement de la production agricole auprès du ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche. Mme Yousri s'exprimait lors d'un atelier national sur le développement des cultures fourragères dans le cadre du programme de la filière lait, qui a regroupé des techniciens et spécialistes des cultures céréalières et fourragère ainsi que des producteurs, afin de discuter de ce dispositif. "Ce soutien concerne l'utilisation et l'acquisition des semences fourragères, la production de l'ensilage et les fourrages enrubannés", a-t-elle précisé. Pour les semences fourragères (semences à petits et grands grains, celles des légumineuses fourragères, graminées fourragers...), le seuil de soutien peut atteindre jusqu'à 50% de leur prix de référence. La production de l'ensilage est soutenu à hauteur de 1.000 DA/m3 et le fourrage enrubanné à 30% du prix de référence. "Tout exploitant agricole intégrant les cultures fourragères dans le système de production ouvre droit à ces subventions", a-t-elle indiqué soulignant que les conditions d'éligibilité à ce soutien sur le Fonds national de développement agricole (FNDA) et les modalités de paiement de ces subventions ont été fixées par une décision ministérielle signée récemment. Le projet de relance de la filière lait dont l'objectif est de réduire le recours aux importations de la poudre de lait dans les trois prochaines années, "exige la mobilisation des ressources disponibles (terres, eau et semences)", a indiqué à l'APS un conseiller du ministre de l'Agriculture, Chérif Omari, en marge de cette rencontre. L'accompagnement des pouvoirs publics à cette filière est en cours de mise en oeuvre, selon lui. Un déficit des fourrages de 60% Les spécialistes de la filière lait estiment le déficit en fourrage à 60% par rapport à l'élevage qui est de l'ordre d'un (1) million de vaches laitières dont 300.000 seulement sont élevées dans des conditions performantes. "Ce n'est pas suffisant si nous voulons nous inscrire dans une ambition de réduction des importations", note M. Omari. Pour remédier à cette situation, les spécialistes recommandent de développer le potentiel existant et d'adopter un nouveau système d'élevage plus performant intégrant la méthode intensive. C'est dans cette optique que s'inscrit la démarche du ministère concernant l'élargissement du soutien aux cultures fourragères pour encourager les agriculteurs dans le cadre de la résorption de la jachère. Pour ce faire, les pouvoirs publics ont impliqué, pour la première fois, l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) dans la production du fourrage vert. "Notre mission est de mobiliser les semences fourragères. Un grand programme d'importation de semences fourragères (luzerne, pois fourrager, la fèverole, le triticale...) a été arrêté", a indiqué à l'APS le directeur général de cet office, Mohamed Belabdi. L'OAIC est aussi chargé de faire la rotation céréales-légumineuses fourragère afin de réduire la superficie laissée en jachère chaque année, soit environ 3 millions d'hectares. Selon les chiffres avancés par l'Institut des grandes cultures lors de cet atelier, l'objectif étant de résorber 500.000 ha de jachère d'ici à 2019 dont 375.000 ha par les fourrages. Mais les techniciens ont relevé, lors de cette rencontre, plusieurs contraintes au développement des cultures fourragères. Ils ont ainsi cité une production de semences pratiquement absente (les besoins étant couverts par l'importation), un système de vulgarisation défaillant, l'utilisation d'un matériel végétal de faible performance, une carence en techniques d'ensilage et un soutien non encourageant. A rappeler que la production laitière nationale est estimée à 3,54 milliards de litres dont 2,5 milliards litres de lait de vache, alors que les besoins sont de 5,5 milliards litres en équivalent lait. Quant à la facture des importations du lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières, elle s'est établie à 1,04 milliard de dollars en 2015.