L'organisation américaine des droits de l'homme Robert F. Kennedy Center for Justice and Human Rights (RFK Center, basée à Washington) et la fondation Open Society Foundation (New York) ont appelé mardi le Conseil de sécurité de l'ONU sur l'urgence de l'introduction d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme au sein de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO). Dans une lettre adressée à la présidente en exercice du Conseil de sécurité, Mme Susan Rice, ces deux organisations ont exprimé leur "déception au refus du Conseil de sécurité, en novembre dernier, de la proposition d'envoi d'une mission d'enquête sur les événements tragiques au Sahara occidental" suite à l'assaut militaire marocain contre des camps sahraouis. A ce propos, elles ont souligné à Mme Rice, qui est également la représentante permanente et l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, que le Conseil de sécurité "a l'obligation de protéger la stabilité et les droits de l'homme" au Sahara occidental, ajoutant qu'il était "regrettable que des mesures supplémentaires ne furent pas prises pour faire face à la montée de la violence et de l'instabilité". "Nous vous demandons instamment de reconsidérer cette décision et d'appeler l'Organisation des Nations unies à conduire une enquête sur les récents incidents au Sahara occidental", notent-elles dans cette lettre dont une copie a été également adressée à la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. En rappelant la brutalité et les moyens utilisés par les forces marocaines contre les camps sahraouis, les arrestations arbitraires et les conditions de détention des Sahraouis, ainsi que les difficultés d'accès aux territoires occupés de la presse, des organisations non-gouvernementales (ONG) et de la MINURSO, ces deux organisations ont soutenu que "ces incidents auraient pu être minimes si le mandat de la MINURSO avait été élargi aux questions relatives aux droits de l'homme". En outre, notent-elles dans leur lettre, "alors que le gouvernement marocain envisage de procéder à une enquête sur ces événements, une enquête internationale indépendante dirigée par l'Organisation des Nations unies est essentielle pour comprendre les causes et les circonstances de ces violences". Dans ce sens, elles soulignent qu'elles se joignaient au Parlement européen pour "réclamer une enquête internationale afin de clarifier les événements et demander des comptes pour les violations commises, ce qui est essentiel pour les négociations". "Ce récent conflit et l'absence d'informations fiables mettent en évidence à nouveau le besoin urgent d'un système de surveillance des droits de l'homme qui doit être inclus dans le mandat de la MINURSO", notent RFK Center et la fondation Open Society dont le fondateur et président est le célèbre financier et philanthrope américain George Soros. Pourtant, observent-elles, "bien que le mandat de la MINURSO prévoit un suivi du +maintien de l'ordre public+ au Sahara occidental, l'absence de surveillance des droits de l'homme est incompatible à ce mandat et aux principes généraux du Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU", affirmant que "le leadership du Conseil de sécurité est indispensable pour assurer le respect des droits de l'homme du peuple sahraoui". Par ailleurs, les deux organisations rappellent à la présidente du Conseil de sécurité que lors de sa création en 1991, l'objectif principal de la MINURSO consistait à surveiller le cessez-le-feu et à organiser un référendum d'autodétermination conformément au Plan de règlement. Toutefois, ajoutent-elles, "près de deux décennies plus tard, le référendum n'a pas eu lieu" et "dans l'intervalle, le peuple du Sahara occidental souffre de graves violations de ses droits individuels et collectifs des droits de l'homme, dont les derniers incidents" de Gdaim Izik. Sur ce point, elles attirent l'attention de Mme Rice que plusieurs organisations des droits de l'homme telles Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi que le Bureau du Haut commissaire aux droits de l'homme (HCDR) avaient rapporté à plusieurs reprises les cas de violations des droits humains et avaient appelé à la création d'un mécanisme pour assurer un suivi adéquat et continu de la situation des droits de l'homme. "Préoccupées par les violations des droits de l'homme contre le peuple sahraoui, nous vous appelons à soutenir la mise en place d'un mécanisme qui permettrait de surveiller et d'établir des rapports sur les droits de l'homme dans les territoires sahraouis, et ce, lorsque le Conseil de sécurité se réunira en avril 2011 pour examiner le mandat de la MINURSO", demandent ces deux organisations à la présidente du Conseil de sécurité qui a été priée, en outre, de "réexaminer la décision du refus d'enquête sur les violences récentes au Sahara occidental" suite au veto d'un seul membre du Conseil de sécurité.