Marseille est comme le cœur humain. C'est une ville qui s'agite et bat sans arrêt. Pour la connaître et apprendre à l'aimer, elle exige qu'on s'y immerge. Rebelle et flamboyante, elle est ce fil invisible qui lie tous les épris de la méditerranée. Marseille : De notre correspondant Il existe deux Marseille. L'un arabe, l'autre européen. Le premier, morne en été, s'étend de la Cannebière jusqu'à la porte d'Aix en passant par le cours Belsunce et le marché Noailles. Vivace, le second s'étale du panier , quartier historique habité en premier par les émigrés italiens, jusqu'à la pointe rouge et les calanques. C'est le Marseille des touristes. Sa corniche qui s'allonge sur plusieurs kilomètres, ses plages sablonneuses et ses criques cachées et caillouteuses, mais prisées par les autochtones, attirent en été des centaines de milliers de touristes français et étrangers. Il y a aussi ses sites historiques et les quartiers cachés ressemblant aux villages de l'ancienne provence. Exemple : le vallon des Auffes, c'est un minuscule village de pêcheurs situé sur la route de la corniche, niché au fond d'une entaille de mer dans la roche. Le vallon des Auffes est, sans doute, le plus pittoresque et le plus branché des quartiers de Marseille, l'endroit où il est quasiment impossible de trouver une location. Car ceux qui l'habitent, essentiellement des vieux pêcheurs marseillais et quelques familles napolitaines, ne veulent sous aucun prétexte quitter les lieux. Petit port de plaisance, on peut presque plonger dans l'eau depuis le balcon de sa maison. Rien n'a changé au vallon des Auffes, ni son viaduc ni sa guinguette. « Fonfon » et « Chez Ginette », deux pizzerias réputées dans le monde entier, sont toujours là. Leurs menus originaux et les mets préparés dans la plus pure tradition italienne font que l'endroit ne se désemplit jamais hiver comme été. La plage du prophète est plutôt familiale Plus loin en retournant vers la ville, vous pouvez découvrir le quartier du Panier et de la vieille charité. C'est au Panier que toutes les populations débarquées par la mer ont trouvé d'abord refuge. Maltais, Napolitains, Génois, Bretons, Espagnols et même arméniens élurent domicile sur cette butte aux escaliers montants qui surplombent le vieux-port. Le Panier ressemble à la Casbah d'Alger. Ses rues étroites, ses escaliers rigides et ses maisons basses ont fait de cet endroit un lieu populaire et bruyant. De vrais coupe-gorges dans le temps, avant qu'il ne devienne un haut lieu de tourisme et de spéculation immobilière. Le Panier d'aujourd'hui n'a rien à avoir avec celui d'hier. Des investisseurs étrangers ont acheté des maisons qu'ils ont retapées à leur guise et les commerces d'antan ont laissé place à des petits magasins pour touristes. En plein cœur du quartier, on peut y trouver tout type de savon de Marseille, des produits de beauté à base d'huile et autres petits salons de thé modernes. Du haut de cette citadelle, devenue prenable, on peut apercevoir les milliers de mâts des bateaux amarrés au vieux-port, juste en face de la mairie. La nuit, les rayons de lumière exécutent une drôle de danse avec les flots d'eau multicolore et offrent à la ville un spectacle enchanteur. Pour échapper à la chaleur du Panier, il n'y a pas mieux que d'aller se mouiller le corps dans la grande bleue et les innombrables plages que compte la ville. La plage du prophète est plutôt familiale. C'est là où l'on apprend aux petits à nager. Fréquentée par les familles marseillaises, elle se transforme, le soir venu, en un vaste restaurant en plein air. Pique-nique, dîner en famille ou entre amis, endroits pour apéritif, on ne peut compter le nombre de serviettes et de nappes posées à même le sable. A quelques encablures de là, vous trouverez la plage du sud. C'est la plage des touristes et des jeunes des quartiers défavorisés du Nord, que les bus déversent par centaines tout au long de la journée. Plage bruyante, faite de sable fin, elle est, par contre, le point de ralliement des hommes et des femmes âgés qui ont coutume de prendre un bain tôt le matin, entre 6 et 9h. Implorer la « bonne mère » Ceux qui préfèrent la tranquillité et la propreté des cailloux, direction la plage de la charité. C'est une petite crique familiale, où l'on peut à peine s'allonger. L'eau est limpide, un peu froide à cause du mistral qui souffle en permanence sur la ville. Mais l'endroit est magique. Caché par des gabions par le nord et de grosses pierres par le sud, cette architecture donne à l'endroit une forme d'intimité. L'accent est marseillais et les baigneurs n'aiment pas rester toute la journée sur place. Ils partent et reviennent au gré de leurs désirs et surtout de leur temps. Si on lève légèrement la tête vers l'horizon, on peut apercevoir de gros paquebots qui relient Marseille aux pays du Maghreb et de la Corse. Une sensation d'être assez proche de l'autre rive de la Méditerranée. Le soir, en plus du bain de minuit dont les marseillais sont friands, il est recommandé de prendre un verre au Marly, un café populaire que tout marseillais, digne de ce nom, se doit de fréquenter. Il est situé en face du port où des centaines de bateaux rivalisent en longueur et en luxe. Un dernier conseil avant la fin des vacances : Montez jusqu'à Notre dame-de-la-garde. Vous ferez d'une pierre deux coups. Vous implorerez la « bonne mère » gardienne ancestrale de la ville, pour qu'elle vous ouvre les chemins de la prospérité et vous découvrirez Marseille comme vous ne l'avez jamais vu : Une carte postale. Une ville étendue aux mille et une lumières, avec ses îles et ses quartiers. Vous réaliserez enfin que la cité de Pagnol n'est pas une ville-musée, mais un endroit qui bouge, qui respire, qui s'agite à l'image d'un cœur qui bat sans relâche.