Le singe magot, une espèce en voie de disparition, ne cesse de faire parler de lui ces derniers jours dans le petit village de Darguina. En effet, des témoins de la région parlent de « descentes » de centaines de primates qui se font en plein jour parmi les habitations, notamment celle surplombant la route nationale. Un phénomène qui se produit chaque été et qui dure jusqu'à l'arrivée des premières pluies depuis plusieurs années déjà. L'exception pour cette année est que l'arrivée de l'automne n'a pas repoussé l'animal dans son milieu naturel. La cause ? Les feux de forêt et les coupes d'arbres ont fait que sa nourriture sur les hauteurs, constituée essentiellement de caroube sauvage, est devenue de plus en plus rare, ce qui l'a poussé à élire domicile et à se reproduire dans de petites grottes voisines des zones d'habitation. « Il arrive que quelques uns s'aventurent même sur les toits des maisons ou sur les balcons. Les singes peuvent vous voler du pain posé sur la table, ou jouer avec les antennes paraboliques », témoignent quelques habitants du village. « On craint pour les petits enfants », lâchent, sérieusement, certains d'entre eux. Mais le gros des dégâts est, sans doute, celui causé aux champs et aux vergers cultivés par les villageois. Une visite dans le champ de M. Chiaa, un habitant de la région, nous fait découvrir l'étendue des dommages causés par le primate. Plus de quatre cents arbres fruitiers dont les fruits ont servi de nourriture à ce dernier et dont pour plusieurs, les branches ont été cassées. Des grenadiers, des poiriers, des orangers, des pommiers, des pruniers, des oliviers…, rien n'est épargné. Même le persil n'a pas échappé aux incursions répétitives. M. Chiaa parle d'une perte de plus de quinze quintaux entre poires et pommes. « Si auparavant, la récolte se vendait ou se consommait, cette fois ci, il n'y aura plus rien », lâche t-il, d'un air dépité. « Nous sommes obligés d'abandonner la culture de ce verger » poursuit-il. Un autre exploitant parle quant à lui d'une perte de plus de quatre quintaux de grenades. Il faut dire que nombreux exploitants de parcelles qui subissent les désagréments du singe magot, ont fini par se résigner. Interrogés sur ce qui peut se faire pour parer à cette situation, les victimes des incursions nous disent qu'ils ont tout essayé pour le chasser mais sans résultat. « L'utilisation des armes à feu étant interdite, on se contente d'utiliser des pétards, une chose à laquelle la bête commence à s'habituer et qui ne la fait plus fuir » ajoutent-ils. En attendant qu'une solution soit trouvée, et que les services concernés soient interpellés par la situation, le singe magot, une espèce protégée par la loi, continue à provoquer des dégâts. Habib, habitant de la région et enseignant de son état, s'interroge, sur le ton de la dérision : « Si on considère que ce singe est une espèce protégée, nous devrions-nous pas l'être nous-même ? »