Comment exploiter les nappes sahariennes dans l'optique d'une gestion durable, sans risquer de dégrader l'état de la ressource ? C'est à cette problématique, somme toute complexe, que s'attelaient, hier, à Alger (la résidence El Mithak), à répondre des experts africains, lors de la 9e session du comité d'orientation stratégique de l'Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), en se penchant sur la stratégie que devra développer l'organisation dans la perspective 2010-2020. « La gestion concertée des ressources en eau partagées, volet sur lequel intervient l'OSS, constitue un enjeu hautement stratégique en étroite liaison avec les questions de lutte contre la désertification et d'atténuation des effets de la sécheresse », a indiqué hier, lors de cette session, le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal. Session où étaient présents aussi le secrétaire exécutif de l'OSS, Youba Sokona et du secrétaire général de l'UMA et président du comité d'orientation stratégique de l'OSS, Habib Benyahia. L'OSS, à laquelle l'Algérie a adhéré en 2000, regroupe 22 pays africains et cinq pays du Nord (Allemagne, Canada, Italie, France et Suisse). Cette organisation, dont les missions s'exercent dans les zones arides et semi-arides, a pour vocation d'appuyer les membres pour produire, gérer, partager et diffuser l'information utile à la gestion des ressources hydriques. Cela étant, la région du Sahel est très vulnérable dans son environnement et dans la gestion de ses ressources en eau. En Afrique circum-sahararienne, les préoccupations environnementales sont nombreuses. Selon les données fournies par le ministre devant les experts africains réunis à Alger, la désertification concerne aujourd'hui plus de 100 pays à travers le monde et près d'un milliard d'habitants. « L'Afrique est cependant le continent le plus affecté : deux tiers de sa superficie en sont touchés », a-t-il souligné. « En Algérie, a-t-il poursuivi, la désertification affecte principalement les régions pré-sahariennes qui représentent plus de 60% des terres productives du pays, qui servent de support à l'élevage d'un cheptel ovin à près de 18 millions de têtes et abrite plus de 4 millions d'habitants. » « Face à ce processus complexe qui touche aussi bien le milieu naturel que la population, l'intervention doit être globale et intégrée », estimera Abdelmalek Sellal, regrettant que « des programmes régionaux sont souvent mis en œuvre par certains pays qui ont élaboré une stratégie de lutte contre la désertification, mais les résultats n'ont pas été à la hauteur des espérances ». L'un des programmes importants menés dans la région sous la coordination de l'OSS est celui relatif à l'évaluation et à la gestion du système aquifère du Sahara septentrional (SASS). Le SASS, partagé par l'Algérie, la Tunisie et la Libye, renferme des réserves d'eau considérables, qui sont cependant peu renouvelables et ne sont pas exploitables en totalité. Il désigne la superposition de deux principales couches aquifères profondes : la formation du continental intercalaire (albien), la plus profonde, et celle du complexe thermal. Ce système recouvre une étendue de plus d'un million de km2 dont 700 000 se trouvent en Algérie, près de 80 000 en Tunisie et 250 000 en Libye. « En ce qui concerne l'Algérie, nous avons mis en place avec la Libye et la Tunisie avec qui nous partageons cette nappe, un modèle mathématique », révélera M. Sellal, précisant qu'« un accord a été signé entre les trois pays pour le suivi de cette exploitation ». « C'est un modèle important qui doit nous permettre de pérenniser l'exploitation de cette nappe », a-t-il ajouté.