Dans certains quartiers de Mostaganem, la ronde des tracteurs agricoles reprend de plus belle. Jusqu'alors circonscrit à quelques quartiers périphériques très défavorisés, le commerce de l'eau potable est en train de prendre des proportions inattendues. Surtout qu'habituellement, cette activité était saisonnière, n'apparaissant que durant les grandes chaleurs et s'éclipsant dès les premières pluies d'automne. Curieusement, pour cette année, malgré une pluviométrie appréciable et en tout cas largement supérieure à la moyenne annuelle, la pénurie est bien là et rien ne permet de prédire quand elle disparaîtra. Pourtant, la région ne manquait pas de ressources jusqu'au jour où, sur instruction d'un ministre, une prise sera effectuée sur la conduite qui transportait l'eau depuis le barrage du Gargar, dans la wilaya de Relizane, vers l'agglomération oranaise. Tout semble indiquer que l'alimentation à partir des nombreux puits creusés dans le plateau avait été délaissée pour se limiter à l'eau du barrage. Mais voilà qu'au cours des deux dernières années, le Gargar se mettra au régime sec, les centaines de millions de m3 qu'il était parvenu à emmagasiner s'épuiseront comme par enchantement. Il y a de cela moins d'un mois, l'alimentation de la ville d'Oran à partir du Gargar a été suspendue, en raison de l'insuffisance des réserves. Seule la ville de Mostaganem continuera à pomper une eau de plus en plus rare et de plus en plus boueuse. Malgré un traitement approprié au niveau de la station de Chlef, l'eau des robinets n'aura plus qu'un insupportable arrière-goût de vase. L'alternative d'une alimentation à partir du barrage du Kramis a sérieusement été envisagée par la direction de l'Hydraulique.