Le Rassemblement pour la culture et la démocratie votera aujourd'hui contre le projet de révision de la Constitution, qualifié de « coup de force constitutionnel ». « Le 12 novembre, le Parlement algérien va renouer avec la tradition putschiste qui a marqué l'histoire de l'Etat national », a déclaré Saïd Sadi lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'Assemblée nationale. « Les adversaires de l'Etat démocratique et social de Novembre et de la Soummam, qui ont organisé le putsch de l'été 1962, consolidé par celui du 19 juin 1965, s'imposent une nouvelle fois par un coup de force constitutionnel », martèle le chef politique qui pointe un doigt accusateur sur le clan d'Oujda. Le président du RCD, qui appelle la société civile et la société politique à élargir « la résistance citoyenne pour sauver les fondements de l'Etat national et de la démocratie », estime que les amendements proposés « remettent en cause les équilibres formels des pouvoirs pour consacrer la personnalisation du régime dont le pire des avatars est l'officialisation de la tribalisation de l'Etat. La confiscation et l'asservissement de l'Exécutif sont adossés au détournement du patrimoine symbolique de la Nation ». A ce « moment grave de l'histoire de l'Algérie indépendante », le président du RCD considère que l'Algérie de demain, « celle de l'Etat démocratique et social de Novembre et de la Soummam, passe par la dénonciation, le rejet et la condamnation de la journée noire du 12 novembre ». Saïd Sadi dénonce aussi le refus aux parlementaires qui, non seulement, n'ont pas le droit de discuter ces amendements, de voter à bulletin secret « de crainte de voir les dissensions claniques éroder l'unanimisme exigé par les tenants de la tradition putschiste en Algérie », dit-il en faisant remarquer que « le Parlement est choisi comme l'instrument servile de la forfaiture ». Le leader du RCD estime que les amendements proposés par le chef de l'Etat attentent aux équilibres des pouvoirs et imposent, de ce fait, la voie référendaire. Au sujet de la participation ou non de son parti à la prochaine élection présidentielle, le conférencier affirme : « Il n'est pas question pour nous de nous présenter tant que la surveillance internationale massive et qualifiée n'est pas là pour garantir fidèlement un scrutin libre et régulier. » Pour le leader de ce parti, l'objectif « ne doit pas être d'empêcher Bouteflika de se représenter, mais d'empêcher que le pouvoir ne présente encore un candidat. Le défi n'est pas de s'aligner derrière un chef de clan, mais de changer de système, car l'Algérie de demain se construit à partir de ce nouveau coup d'Etat que l'on doit dénoncer ». Le président du RCD, qui doit se rendre en Angleterre incessamment dans le cadre d'une série de déplacements à l'étranger, estime que la communauté internationale « n'est pas près de s'accommoder de n'importe quel abus, il est clair qu'elle n'a plus la même disponibilité par rapport au pouvoir en place », indique le docteur Sadi, en notant qu'avec ces dérapages, « l'Algérie est devenue une menace pour toute la région ». Continuant son réquisitoire, M. Sadi considère que « l'Algérie est devenue l'exemple de l'arbitraire et de la corruption, au moment où les pays africains se tournent résolument vers l'option démocratique ».