Depuis son extradition, le 27 octobre 2004, vers l'Algérie par les autorités libyennes, après son arrestation par les rebelles du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad, très peu d'informations ont filtré sur le sort de Ammari Saïfi, dit Abderrezak El Para, ancien n°2 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Selon une source du ministère de l'Intérieur, El Para a été auditionné récemment par le procureur de la République et mis le même jour sous mandat de dépôt en attendant la fin de l'instruction et son jugement définitif par un tribunal civil. Le magistrat instructeur ne serait pas, toutefois, le seul à avoir auditionné l'émir salafiste. Les services de renseignements algériens, dans le cadre de la lutte contre les dernières phalanges de cette organisation terroriste, auraient également interrogé le chef intégriste. Ces interrogatoires auraient même donné les premiers résultats. La récente opération de la localisation puis de la destruction d'un important arsenal de guerre au nord d'Illizi, dans le Sud algérien, n'aurait été possible que grâce à la « collaboration » de Ammari Saïfi qui est aussi un ancien déserteur des forces spéciales algériennes. L'équipement militaire détruit par les unités spécialisées de l'ANP a été acquis par Abderrezak El Para en personne et ce grâce à la rançon versée par le gouvernement allemand pour la libération des otages occidentaux durant l'été 2003. Considéré par les Américains comme une « importante prise », l'ancien lieutenant de Hassan Hattab pourrait fournir encore des renseignements précieux à la communauté internationale sur les organisations et les réseaux dormants et actifs du terrorisme. El Para, qui aurait eu des contacts avec certains dirigeants d'Al Qaîda, serait à ce titre un « gros poisson ». Néanmoins, au-delà de l'utilité à court terme de ce chef terroriste, c'est plutôt son sort qui taraude l'esprit de plus d'un. Sera-t-il concerné par une éventuelle disposition du projet dit de « l'amnistie générale » ? Sachant que Abderrezak El Para, au même titre que les autres émirs, s'est rendu coupable de crimes contre l'humanité qui sont, de l'avis des juristes du monde entier, des faits non amnistiables, il est difficile d'admettre qu'un sanguinaire comme lui sera absous de ses crimes au nom d'une quelconque idéologie. Bien que le code algérien n'ait pas abordé le cas des crimes contre l'humanité, force est de souligner, par ailleurs, que toute mesure de clémence au profit d'une telle horde serait aux antipodes des principes de la coopération mondiale dans le domaine de la lutte antiterroriste et même du droit international. Abderrezak El Para n'est pas, toutefois, le seul à lorgner le projet d'amnistie. Abdelhak Layada, ancien chef du GIA, arrêté au Maroc en 1993 et condamné à mort par la justice algérienne en 1995, attend aussi un « geste fort » du chef de l'Etat. Il est même « prêt à aider le président Bouteflika dans sa démarche portant réconciliation nationale et amnistie générale » ! L'amnistie générale, qui sera, selon le vœu du président Bouteflika, l'étape suprême de la « réconciliation globale », sera-t-elle la panacée à même de rabibocher le bourreau et sa victime ? Difficile de parier.