La tragédie de Ghaza a relégué au second plan la course à la présidentielle réduite depuis plusieurs semaines aux seuls aspects techniques. Dans le premier groupe de candidats qui s'est officiellement mis en avant, seule Louisa Hanoune est connue de l'opinion publique, suivie de Moussa Touati, inconnu de la population dont le parti est toutefois relativement représenté au Parlement, à la différence du Parti des travailleurs. Ali Faouzi Rebaïne de Ahd 54 a fait une incursion dans le scrutin de 2004 avant de s'éclipser de la scène politique. Si la liste s'arrête là, ne se remplit que de noms d'anonymes ou bien de personnalités de seconde zone, la présidentielle 2009 restera un non-événement, Bouteflika n'ayant en face de lui aucun adversaire de poids à affronter. On restera dans le scénario d'une élection-plébiscite voulue et préparée par le pouvoir qui balayera le gain démocratique engrangé durant les deux présidentielles passées en dépit du retrait, en 1999, à la dernière minute des candidats opposés à Bouteflika et malgré toutes les manœuvres de déstabilisation de Ali Benflis, son principal adversaire en 2004. L'éventuelle participation de Liamine Zeroual au scrutin prochain n'a pas dépassé le stade de la rumeur, l'intéressé ne s'étant pas prononcé lui-même sur cette question, mais on retiendra de ce frémissement de la vie politique deux choses : derrière l'ex-président de la République de la décennie 1990 s'est positionné tout un pan de la « famille révolutionnaire » alors que celle-ci a toujours été présentée comme totalement acquise à Bouteflika. Celui-ci, ses alliés du RND, du FLN et de leurs satellites n'ont pas le monopole du camp dit nationaliste en dépit du discours officiel développé depuis une dizaine d'années et amplifié ces derniers temps. Bouteflika est présenté comme le meilleur, voire l'unique continuateur du combat révolutionnaire mené durant la guerre de Libération nationale. Mais une personnalité de la trempe de Liamine Zeroual – et d'autres dans le pays – démystifierait ce discours et remettrait les pendules à l'heure et c'est en réalité ce qui est le plus redouté par le sérail, au-delà de la personnalité de l'ancien chef de l'Etat, apprécié autant pour son courage au moment de l'offensive terroriste du milieu de la décennie 1990 que pour son peu d'intérêt pour le pouvoir. Il n'a pas hésité à claquer la porte pour signifier son hostilité aux manœuvres occultes de son entourage à la présidence de la République, notamment sur le dossier de l'islamisme. Le terrain de la « légitimité historique » de Bouteflika est l'argument de poids sur lequel ses partisans pensaient axer la campagne électorale car il n'y a pas d'autre argument solide à tirer du bilan des deux mandats écoulés : l'Algérie n'a pas amorcé en dix années son décollage économique et social, elle a même régressé dangereusement dans de multiples domaines.