L'été, la canicule sont propices à la détente en famille, au farniente. Depuis des années, galas, festivals et autres manifestations culturelles se tiennent durant la saison chaude, à travers tout le pays, redonnant ainsi pour quelques semaines un peu d'animation à nos contrées et permettant aux citoyens d'échapper à la sinistrose du quotidien qui domine le reste de l'année. Mais tout le monde ne semble pas l'entendre de la même manière, si l'on en juge par un certain nombre de réactions et comportements qui nous replongent dans les prémices de la décennie noire, quand le FIS et ses émules empêchaient des galas à la salle Atlas en plein centre de la capitale. Ce qui s'est passé à Ouargla dernièrement, comme à Constantine, ou à Béjaïa auparavant, et dans d'autres villes, interpelle les consciences. L'intolérance, la résurgence des préjugés de tout ordre sont attisées par l'intégrisme religieux salafiste et par l'extrémisme pour saper le vivre-ensemble, dans le respect du droit à la différence. C'est souvent au nom de la morale et de la religion ou de toute autre sensibilité, que des «gardiens du temple» n'hésitent pas à exploiter les problèmes réels et les conditions de vie difficiles des populations pour pousser à des réactions sectaires, imposer par la force et la violence un hégémonisme totalitaire sur les individus, face au laxisme complaisant des autorités. Comment peut-il en être autrement quand – du fait de leur non-gouvernance et leur imprévoyance – elles sont en quelque sorte responsables du mal-être des citoyens ? Parce qu'elles sont surtout dans l'impossibilité d'apporter des réponses aux retards enregistrés dans l'exécution des programmes locaux de développement et d'amélioration du cadre de vie de leurs administrés. Une telle situation sociale servira immanquablement de terreau à tout mouvement de contestation aujourd'hui rendu plus facile grâce à internet et aux réseaux sociaux qui ont suppléé les cadres traditionnels d'organisation et de mobilisation. Ainsi l'action qui a visé à empêcher la tenue du concert de Ouargla au théâtre de verdure de la ville, sitôt remplacé par une prière sur les lieux en plein air, est à la fois révélatrice de cette volonté intolérante, intimidatrice de ses instigateurs et aussi de la passivité complice des autorités locales qui ont reculé sur le respect des principes constitutionnels de liberté des citoyens. Et pas seulement à Ouargla, mais partout ailleurs où elles ont cédé aux pressions, privant ainsi les citoyens de se distraire, d'écouter de la musique, aux femmes de pratiquer du jogging dans les espaces publics ou même de se baigner en maillot de bain, de porter un short interdit par arrêté communal, comme ce fut le cas dans la localité d'El Aouana, dans la wilaya de Jijel. Autant de compromis sur des principes constitutionnels qui ne tarderont pas à être interprétés comme des faiblesses, voire des compromissions des autorités relevant de la puissance publique et à susciter chez les citoyens le sentiment de ne pas être protégés par l'Etat.