Plus de 1500 vétérinaires sont mobilisés pour assurer le contrôle sanitaire le jour de l'Aïd El Adha, le 21 août, et répondre à la demande de renseignements en cas de doute sur la bonne santé des carcasses, assure-t-on au niveau du ministère de l'Agriculture. Le ministère annonce en outre l'installation de permanences au niveau des communes pour permettre aux citoyens de se renseigner et de consulter les spécialistes en cas de doute. L'épisode de la viande verte est loin de constituer un simple souvenir. «Aucun rapport n'a pas été rendu public par les services officiels concernés. Les familles algériennes redoutent que l'altération inexpliquée de leur viande vienne perturber le bon déroulement de cette fête», s'inquiète Brahim Amrani, vice- président de la Fédération nationale des éleveurs qui s'est confié hier à El Watan. Cette fédération lance d'ailleurs un appel à tous les instituts scientifiques et spécialistes en santé animale pour se pencher sur les raisons de l'anomalie ayant frappé ces deux dernières années la viande de l'Aïd. La réquisition de tout le personnel public et la sollicitation des vétérinaires exerçant dans le privé suffisent-elles pour rassurer les chefs de famille ? «L'effort consenti par l'Etat pour assurer le contrôle et le suivi le jour de l'Aïd est loin de constituer le seul gage de sécurité des carcasses», estiment des spécialistes de la santé animale. «En l'absence d'une traçabilité du cheptel local, seule la vulgarisation et la sensibilisation autour des dangers peuvent réduire le risque de consommation de viande contaminée», souligne Zakia Djitli, présidente du syndicat autonome des vétérinaires de la Fonction publique. Les vétérinaires plaident donc pour un travail de contrôle permanent, tout au long de l'année, pour dépister tout cas de pathologie pouvant atteindre les animaux à sacrifier. Les vétérinaires mobilisés effectueront des tournées dans les abattoirs agréés et répondront aux sollicitations des citoyens, «mais c'est loin d'être suffisant», conclut la représentante des vétérinaires de la Fonction publique, qui attire l'attention sur le danger des points de vente anarchiques qui échappent au contrôle et qui peuvent constituer des foyers de contamination de pathologies qui menacent la santé humaine. Le ministère doit donc se pencher sur le travail d'identification du cheptel ovin estimé à plus de 28 millions de bêtes, selon les derniers chiffres du ministère de l'Agriculture. L'absence de traçabilité empêchant l'identification du cheptel ovin constitue facteur de risque pour la sécurité alimentaire de l'Algérien, estime pour Abdelhalim Tail, membre du collectif se battant pour la mise en place d'un conseil de l'ordre des vétérinaires. Cliniquement, souligne notre interlocuteur, il est impossible de déceler à l'œil nu des anomalies ou des facteurs de contamination en l'absence d'un suivi continu des élevages. L'absence de mandat sanitaire, le blocage du conseil de l'Ordre des vétérinaires et le rétrécissement du nombre des effectifs des spécialistes de la santé animale ainsi que la marginalisation des compétences techniques de ce secteur pourraient être considérées comme étant des causes de la réapparition de pathologies disparues il y quelques années, comme la tuberculose, la brucellose ainsi que les difficultés de situer l'origine de la provenance de la fièvre aphteuse, ajoute M. Tail. Ce dernier estime qu'un conseil de l'Ordre multisectoriel pour la santé alimentaire permettrait une meilleure organisation du secteur et garantirait des produits de consommation plus fiables. Fatima Ait