En ma qualité de président de l'association Ouled El Houma, chargé des activités sportives et culturelles au profit des jeunes non structurés des quartiers et des activités en milieu carcéral, j'ai l'honneur d'attirer l'attention de l'ensemble des autorités compétentes sur la situation préoccupante et alarmante qui risque d'avoir des conséquences et répercussions graves. Avec l'émergence de tous les fléaux — violence, drogue, parkingueurs imposant leur loi — «paye ou crève» semble devenir une devise. Aujourd'hui, nous sommes tous sous le choc après le décès d'un jeune à Béjaïa, assassiné par un parkingueur pour 200 DA. Dernièrement à Boumerdès, un autre jeune homme, Djallal, a été lui aussi assassiné. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il y a un grand risque que ces dépassements se banalisent et se multiplient si l'on ne s'assume pas pour faire face aux fléaux qui gangrènent notre jeunesse. Pour tout problème il y a une solution, dans la mesure où il y a une volonté sincère. Si l'on souhaite réellement assainir la gestion des parkings et des plages qui génèrent des recettes considérables, il faut s'attaquer aux vraies causes plutôt qu'à leurs effets. Concernant la gestion des parkings et des plages, il faut savoir que devant le gain facile il y a des organisations, des réseaux bien établis, menés par de vrais «caïds» qui sont connus et qui manipulent facilement les jeunes en difficulté, confrontés à leurs problèmes quotidiens, au chômage et à la drogue, devenus des proies faciles qu'ils prennent en charge par un encouragement financier avec une certaine somme pour subvenir à leurs besoins. En contrepartie, on leur demande d'exécuter les sales besognes de leurs commanditaires. La peur est aujourd'hui bien installée dans toutes nos villes. Tout est commandité et instrumentalisé devant les enjeux financiers considérables de la gestion des plages, des parkings, de l'écoulement de la drogue et j'en passe. Il y a bel et bien des réseaux organisés et implantés dans nos cités. Il y a un partage pour la gestion des parkings et pour l'écoulement de la drogue dans plusieurs quartiers. Dans certains cas, le partage est réglé par des batailles rangées entre gangs. Cette situation que nous vivons porte préjudice à notre pays et à notre jeunesse. Après le scandale sans précédent des 701 kg de cocaïne et l'affaire du jeune tué à Béjaïa pour 2OO DA, de même que le jeune à Boumerdès, il y a un vrai risque pour plus de dépassements et débordements qu'on ne pourra pas maîtriser si l'on ne s'assume pas afin de faire face à cette situation dangereuse et préjudiciable à plus d'un titre. On doit revoir sérieusement le système de prise en charge des jeunes en difficulté. Ce qui est déplorable, c'est que nous constatons que nos cités et quartiers n'ont aucun encadrement ni interlocuteur valable pour être à l'écoute des jeunes, de leurs aspirations et préoccupations. Ces jeunes en difficulté, livrés à eux-mêmes, deviennent des proies faciles et fragiles pour les manipulateurs de toutes sortes. Il est de notre devoir à tous de les protéger des influences négatives. On doit revoir sérieusement le système de prise en charge de cette catégorie de jeunes en difficulté qui ont de vrais problèmes. Les autorités compétentes doivent établir un programme coordonné et planifié avec tous les services des ministères concernés et des wilayas pour la mise en place d'un programme concret et d'une stratégie de prise en charge des jeunes au niveau les cités et quartiers, surtout ceux à très forte population dans leur environnement. C'est la seule alternative pour redonner confiance aux citoyens et plus particulièrement à nos jeunes en difficulté. Les autorités locales doivent multiplier les contacts directs dans leur propre environnement, au niveau des quartiers, sans intermédiaires ni protocole, pour mieux cerner les problèmes des jeunes, qui sont confrontés à d'énormes problèmes et livrés à eux-mêmes. Il est impératif de mettre en place un programme d'action concret, qui réponde aux besoins de cette frange de jeunes. Cette démarche que nous suggérons, qui est nécessaire, permettra de constituer un lien direct, sans intermédiaire, entre les autorités locales et les citoyens pour instaurer cette confiance qui fait défaut dans la société civile. Notre pays possède des moyens pour redresser la situation, malheureusement c'est la stratégie qui fait défaut. Tout le problème est là. Alors, prenons nos responsabilités et assumons-nous face au risque de débordement avec les très graves conséquences qu'on ne souhaite pas à notre pays et à notre jeunesse. Il est du devoir de tout un chacun de s'impliquer pour faire face à cette situation extrêmement difficile et critique, qui nécessite la mobilisation de tous. Alors, assumons-nous !