Le chômage ne cesse de ronger la majorité des jeunes diplômés à Béjaïa. Les chiffres de l'administration sont rassurants mais la réalité est tout autre. Malgré l'importance des montants alloués dans le cadre de l'aide à l'insertion des diplômés, l'on est tenté de penser que les dispositifs censés résorber le chômage ont « failli ». Rien que pour 2008, plus de 130 millions de dinars ont été dégagés pour le programme de la prime d'insertion des diplômés (PID) et plus de 80 millions de dinars pour la prime d'activité d'insertion sociale (PAIS). Lancée tambour battant en juin dernier, la fameuse PID n'a pas, aux yeux des universitaires, contribué à faire reculer le chômage. « Je ne vois rien changer dans ma vie. J'ai formulé ma demande de PID depuis juin dernier, mais je suis toujours sans emploi » lance Salim, diplômé en sociologie. Depuis juillet dernier, quelque 1400 postes ont été alloués dans le cadre de la prime d'insertion des diplômés et 2620 autres à la faveur de la PAIS, dont seulement 1230 jeunes ont pu en bénéficier. C'est ce qu'a affirme le directeur de l'Action sociale de Béjaïa, M. Rahmoune, qui se félicite de l'inscription, depuis juillet 2008, de quelques 11 798 postes dont 885 sont occupés. Soit, 72% des demandes des diplômés satisfaites. Sur les 8081 postes attribués dans le cadre de la PAIS, 1230 diplômés ont été casés, tandis que 830 autres ont dû se désister pour une raison ou une autre. Approchés, certains universitaires qui ne voient pas grand-chose dans le pré-emploi, estiment que le salaire « modique » de 8 000 dinars ne recouvre même pas leurs dépenses mensuelles. D'autres se contentent, faute de mieux, d'un travail qui s'apparente à un pis-aller. « J'ai travaillé pendant deux ans comme archiviste aux services de la wilaya. Mon contrat n'a pas été renouvelé et je me retrouve de nouveau au chômage », déplore Mourad, diplômé en bibliothéconomie. Si certains peuvent accrocher leurs espoirs sur le pré-emploi, d'autres ne peuvent même pas prétendre à ce dispositif. C'est le cas des diplômés en sciences politiques, langues et biologie. « On ne peut rien faire car il n'y a pas d'employeur qui recherche votre profil, nous répond-on à la DAS », rapporte Saâd, licencié en sciences politiques. Par ailleurs, certains des universitaires recrutés à la faveur du dispositif témoignent qu'ils n'ont pas perçu leurs salaires durant sept mois, voire une année. Le DAS reconnaît les difficultés tout en tenant pour responsable la direction de l'Emploi qui gérait auparavant le contrat de pré-emploi (CPE). « C'est une situation catastrophique. Nous sommes en train de régulariser les salaires non versés de ces jeunes qui ont été recrutés dans le cadre du CPE de 2005, 2006 et 2007 », précise M. Rahmoune. à la question de savoir si la durée du contrat d'une année peut être allongée, notre interlocuteur rassure que 233 contrats ont été renouvelés en 2006 et 668 autres en 2007, et ce en se basant sur l'accord de l'employeur. Interrogé sur certaines informations selon lesquelles bon nombre de postes alloués dans le cadre de la PAIS restent inexploités, le DAS répond que sa direction veille sur le placement de tous les diplômés demandeurs dans les postes qui conviennent à leurs profils.