Les marchés et autres aires commerciales se plieront désormais aux conditions d'hygiène et respecteront les normes de sécurité, selon un texte — bientôt examiné par le gouvernement — échafaudé par le premier responsable du commerce qui tient à mettre un tant soit peu de l'ordre dans ces espaces en matière de salubrité publique et de lutte contre le mépris envers le consommateur. Ce qui suppose que la discipline doit être de rigueur en matière de pratique commerciale et l'anarchie, que résument la fraude et la non-conformité des produits étalés n'importe où et n'importe comment, sera éliminée. A vrai dire, la capitale et sa périphérie comptaient, il y a deux ou trois années, plus d'une centaine de marchés informels. Depuis, pas grand-chose n'a été accompli pour éradiquer ce commerce illicite, qualifié par fausse pudibonderie de commerce informel. Il est des aires et des voies publiques qui finissent par être des espaces attitrés des petits revendeurs. Pour reprendre l'expression de Jean Dutourd : « Tout usage finit par se changer en abus. » Sans bourse délier, les squatters placent en enfilade leurs éventaires au fil des jours et des semaines, invitant les petites gens à s'habituer à ce décor planté au milieu de leurs cités et alentour. A la fin de la journée, des tas de restes des produits maraîchers fangeux sont abandonnés sur le lieu de vente, laissant le soin aux agents de la voirie de la commune et des agents de Netcom de curer — s'ils daignent, bien sûr, passer par-là — les abords crasseux. S'il échappe au fisc et n'en a cure de porter un coup déloyal aux propriétaires de magasins assujettis aux charges, l'on imagine mal le négoce de la rue accepter de prêter le flanc aux inspecteurs du commerce chargés de la fraude et de la répression des prix. Le chaland accuse le coup et se tait. Il ne doit pas rechigner. Le label de qualité est vite truffé de produits bas de gamme par le vendeur qui vous échauffe la bile avant de vous flouer. Et passe de la mercuriale qu'on a l'habitude de « zieuter » sur un grand panneau à l'entrée des marchés communaux. Celle-ci n'a plus lieu d'exister, me diriez-vous. Dans le même registre, les propriétaires de carreaux réservés à la vente de poissons au niveau des marchés exercent-ils leur activité selon les règles d'hygiène ? Les services d'hygiène au niveau des communes qu'on appelle les BHC ont-ils les coudées franches pour sévir contre les vendeurs qui vous fourguent leurs produits avariés ? Ceux-là mêmes qui font leur la citation du sage Pétrone : « Que peuvent les lois, là où ne règne que l'argent ? »