Le président du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Khan, n'avait pas besoin de le souligner, « le pire n'est peut-être pas encore arrivé ». La crise économique, qui a frappé d'abord les pays riches, menace gravement les pays pauvres et ceux en voie de développement, telle est la préoccupation exprimée hier par la Banque mondiale. Rome. De notre correspondante Les ministres des Finances des sept pays les plus industrialisés et de la Russie se sont réunis, hier à Rome, sous la présidence italienne du G8 pour redonner confiance aux marchés et aux consommateurs. Tous se sont accordés à dire que la récession économique est désormais une réalité et qu'il ne servait à rien de se voiler la face. Jouant les modérateurs, les responsables italiens ont appelé à trouver une stratégie commune pour affronter la crise en boostant l'économie et en stimulant l'emploi. Des pays dont l'économie est fortement dépendante de l'exportation, comme le Japon et l'Allemagne, ont mis en garde contre la course aux mesures protectionnistes pour sauver des secteurs de l'industrie frappés de marasme, comme celui de la construction automobile. Le ministre des Finances nippon, Shoichi Nakagawa, n'use pas d'euphémismes pour qualifier cette tendance protectionniste de « mal absolu ». Les Allemands se montrent, eux aussi, irrités par les décisions prises par les autorités américaines et françaises qui incitent à « consommer français » et invitent à « buy american » (acheter américain) : une clause que le président américain, Barack Obama, a rejetée. Les Italiens, s'ils ne se sont pas aussi courroucés que leurs voisins allemands, se joignent toutefois aux voix qui conseillent de ne pas compromettre le principe de libre-échange par ces comportements chauvins. Les ministres des Finances du Groupe des sept et la Fédération de Russie – conviée à la réunion – se sont engagés, en outre, à œuvrer pour rétablir la crédibilité du système des finances dans le monde. Le sommet, clôturé hier après-midi à Rome, a vu les dirigeants des institutions bancaires internationales tirer la sonnette d'alarme quant aux lourdes répercussions de la crise financière sur la croissance des pays industrialisés. Cependant, la Banque mondiale précise que les conséquences les plus négatives frapperont l'économie fragile des pays pauvres et de ceux en voie de développement. Les ministres des sept pays les plus industrialisés (France, Allemagne Grande-Bretagne, Italie, Canada, USA et Japon) ont exposé l'orientation de leurs gouvernements respectifs afin de trouver une stratégie commune pour une sortie rapide de la crise économique. L'Italie a plaidé pour l'instauration de nouvelles règles éthiques et pour plus de transparence dans les transactions financières. A ce propos, les participants ont souligné l'urgence d'une réforme du FMI pour renforcer son rôle de régulateur des marchés et asseoir son autorité. Un accroissement de ses ressources est également prévu. Il faut dire que cette réunion du G7, la première de cette année sous la présidence italienne, n'est pas parvenue à rassurer les marchés mondiaux ni les consommateurs car ses résolutions n'ont pas un caractère coercitif et la déclaration commune se résume plus à des vœux pieux qu'à un véritable plan Marshall commun pour sortir de la crise. Les regards se dirigent désormais vers le sommet du G20 qui se tiendra le 2 avril prochain à Londres et verra la participation des puissances émergentes comme la Chine, l'Inde, le Brésil et l'Arabie Saoudite, seule représentante des pays arabes.