Les parkings improvisés gérés par des jeunes font partie du décor urbain et en l'absence de l'autorité de l'Etat, de nombreux dépassements sont constatés. Ces jeunes, généralement au chômage, profitent du manque de places de stationnement dans la capitale et de l'augmentation du parc automobile pour devenir maîtres des lieux. Plusieurs automobilistes sont obligés de tourner en rond avant de trouver un coin où se « caser ». Ce phénomène n'est pas récent, puisque depuis une bonne dizaine d'années, ces jeunes pratiquent cette activité en toute illégalité, ils choisissent de leur propre chef un secteur et font la garde des véhicules. Cependant, ils n'offrent en contrepartie aucune garantie en cas de vol, aucun ticket n'est remis à l'automobiliste et n'ont aucune tenue distinctive. Les prix varient entre 30 DA et 50 DA. Ce dossier n'a jamais été pris au sérieux par les pouvoirs publics et les autorités locales (APC, daïra) ferment carrément les yeux. Si les policiers s'empressent ces derniers jours de poser un sabot aux voitures en cas de stationnement jugé selon eux à tort ou à raison « gênant ou dangereux » ou de les mettre en fourrière, ces jeunes ne sont pas inquiétés. Or, le constat unanime est que dans la quasi majorité des cas, cette mise en fourrière est opérée à partir d'un lieu de gardiennage illicite ! L'origine de ces parkings remonte aux années 1994/95, lorsque les premiers parkings de nuit ont fait leur apparition, mais rapidement, ces parkings déborderont, le jour, des cités d'habitation aux… rues. D'où viennent ces jeunes ? Plusieurs sont issus de familles nombreuses et habitent les cités-dortoirs où la modernité semble être réduite à un poteau électrique et un robinet qui siffle à toute heure. Si certains ont tenté cette expérience pour subvenir aux besoins de leurs familles, la plupart ont découvert en elle un bon filon pour gagner de l'argent sans verser à l'Etat le moindre centime. Durant les années 1990, ces gardiens obtenaient le OK des communes qui leur délivraient des autorisations provisoires et renouvelables, même le périmètre à surveiller était défini. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Pourquoi aller dans cette direction quand on peut s'autoproclamer gardien de voitures sans la moindre formalité administrative ? Aujourd'hui, ces jeunes inventent des formules pour optimiser le gain. Par exemple, ils interdiront à un automobiliste de stationner si le véhicule est immobilisé toute la journée, ils réservent la place à celui qui paie le plus. Certains commerçants mettent aussi devant leur magasin des cartons et des barres de fer pour « marquer leur territoire » et pouvoir stationner leur camion ou véhicule à toute heure. Est-ce légal ? Les espaces publics échappent de plus en plus à l'Etat, or ils structurent la ville, ils articulent les différents quartiers entre eux et relient la ville à la banlieue et par-là même, articulent les différents groupes sociaux qui constituent la ville et relient les individus. Il s'agit pour la collectivité de rechercher un meilleur équilibre entre les usages afin de permettre à l'ensemble des usagers d'exister de façon harmonieuse et d'éviter d'exacerber les conflits sociaux. Mettre en valeur l'identité des lieux et favoriser les repérages dans la ville sont des enjeux que toute intervention sur l'espace public doit intégrer.