Non seulement, le FFS mènera sa propre campagne pour le boycott des prochaines joutes, mais il envisage, en parallèle, la création d'un véritable ministère de l'Intérieur pour surveiller, contrôler et recueillir toutes les informations concernant le processus électoral. Des meetings, des conférences, des actions de sensibilisation et de proximité sont au programme. Trente-cinq wilayas sont concernées pour l'heure par ces manifestations que dirigeront les militants de cette formation. Près de 50 responsables de commune FFS seront au rendez-vous pour superviser, organiser et guetter la moindre erreur. « Nous sommes un parti politique particulier qui donne le vertige au système. Un pouvoir qui a une conception policière de la politique et face à la bêtise, nous allons imposer la grande intelligence. Nous allons mener notre campagne pour le boycott avec nos moyens et nos idées et personne ne nous arrêtera », a tonné hier Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS, lors d'une conférence portant sur l'Etat de droit, ses principes et ses acteurs, organisée au siège du parti et entrant dans le cadre des programmes de formation de l'école politique Ali Mecili. En dressant un diagnostic de la situation qui prévaut dans le pays, notamment par rapport à l'élection présidentielle, M. Tabbou, tout en qualifiant les cinq candidats retenus par le Conseil constitutionnel de « comité de soutien à Bouteflika », estime que le taux de boycott est acquis à 85%. Le FFS refuse que l'on parle de la politique de la chaise vide car, selon M. Tabbou, il n'existe même pas de chaise, mais plutôt des choix. « Soit on se rapproche du pouvoir, soit on garde sa proximité avec la population qui est complètement indifférente à une élection dont les dés sont pipés d'avance », a-t-il relevé. Selon lui, le boycott a fait son chemin dans la société et au sein de la classe politique. Le FFS se dit « inquiet du dispositif policier mis en place par le régime ». « Le scrutin du 9 avril est une élection qui nous inquiète, d'autant plus que le pouvoir, via son dispositif policier, risque d'infliger des sanctions et de faire des représailles contre la population. Ils ont créé des fichiers temporaires. On est dans une violence morale politique et sociale où la population subit toutes sortes de pressions », a soutenu M. Tabbou. Commentant les dernières mesures du Président, à savoir l'effacement des dettes des fellahs et la révision à la hausse de la bourse des étudiants, le premier secrétaire du FFS a tenu à condamner « cette pratique ». « Bouteflika est en train d'utiliser l'argent de ce pays comme s'il s'agissait de son propre argent. Nous avons dépassé un peu la logique du parti unique », a déploré M. Tabbou, en indiquant que le FFS va exploiter tous les espaces appropriés pour mener en bonne et due forme sa campagne de boycott. « On ne peut pas mettre l'assassinat de Mecili sur le dos du terrorisme » Evoquant l'assassinat de Ali Mecili et le procès de Mohamed Ziane Hasseni, Karim Tabbou a affirmé que le FFS suit de très près cette affaire. « Nous allons soulever toute anomalie ou tentative de chantage qui aurait à influencer le cours normal de ce procès. Cette affaire a révélé au grand jour l'existence de la pratique de liquidation. On ne peut pas mettre l'assassinat de Mecili sur le dos du terrorisme... », a-t-il déclaré.