La classe politique reste divisée au sujet de l'accord global conclu, samedi, par le chef du gouvernement et les délégués des archs. Si tous les partis expriment leur satisfaction de voir la crise de Kabylie s'acheminer vers un dénouement, leurs positions divergent cependant au sujet de l'officialisation de la langue amazighe. Certains exigent en effet que cette question soit tranchée par voie référendaire, d'autres préfèrent laisser le gouvernement et les archs trouver la méthode adéquate, enfin il y a ceux qui ne veulent pas s'exprimer encore. Dans la première catégorie émergent principalement El Islah et le MSP. « La question de tamazight concerne tout le peuple algérien et pas seulement le gouvernement et les archs. Tamazight a déjà le statut de langue nationale, son officialisation doit passer par un référendum », estime le secrétaire national chargé de l'organique d'El Islah, Lakhdar Benkhelaf, exigeant du gouvernement d'observer un rôle d'arbitre et de consulter à ce sujet tous les partis politiques. M. Benkhelaf se rassure quelque peu par la déclaration d'Ahmed Ouyahia quant à l'obligation d'appliquer la plate-forme d'El Kseur « dans le cadre de la Constitution et des lois de la République ». Abderrezak Mokri du MSP, un parti membre de la coalition du gouvernement, estime que l'officialisation de tamazight concerne tout le peuple et, par conséquent, doit être soumise à une consultation électorale. Le parti du chef du gouvernement, le RND en l'occurrence, estime qu'il appartient aux délégués du mouvement citoyen et à Ahmed Ouyahia de trouver une solution à travers le mécanisme conjoint pour l'application de la plate-forme d'El Kseur. « Nous souhaitons que l'accord global trouve son application dans le cadre des lois de la République », a indiqué le porte-parole du parti, Miloud Chorfi. Tout en étant pour une officialisation de tamazight sans référendum, le PT reste toutefois méfiant quant aux réelles intentions de l'Etat. « Le dialogue avec les archs intervient au moment où le pouvoir amorce une orientation économique marquée, d'un côté, par la liquidation du secteur public et, de l'autre, par la relance du projet de loi sur les hydrocarbures », relève le numéro deux du PT, Djelloul Djoudi. Aussi, le PT dénonce l'aspect « régionaliste » de certains points contenus dans la plate-forme d'El Kseur, notamment le départ de la gendarmerie de cette région. Des clauses qui, poursuit-il, pourraient faire le jeu des autonomistes. Le RCD préfère, quant à lui, ne pas s'exprimer sur ce dialogue, car « les conditions politiques ne sont pas réunies », a rétorqué M. Ferdjallah. Le FFS et le FLN étaient injoignables durant toute la journée d'hier.