Le fils de Hosni Moubarak, Gamal Moubarak, est apparu sur la chaîne télévisée américaine CNN pour une interview avec Fareed Zakaria, un journaliste américain d'origine indienne musulmane, qui est rédacteur en chef de Newsweek International et membre du Comité d'administration de Council On Foreign Relations. L'interview peut être visualisée sur le site internet de CNN. Moubarak junior est présenté par CNN comme assistant secrétaire général du Parti démocratique égyptien et successeur potentiel de son père à la tête du pays. Les raisons de la visite de Moubarak junior à Washington DC et New York la même semaine que la visite d'Hillary Clinton en Egypte ne sont pas claires. Le journal Foreign Policy spécule que Moubarak junior est venu prendre la température de l'Amérique en avance de la visite de son père au printemps prochain. Foreign Policy rapporte que la raison officielle de sa visite serait de participer à des séminaires et rencontres avec les membres du congrès américain et autres intellectuels américains pour discuter de la crise financière et de ses effets sur l'Egypte ainsi que le futur des relations entre l'Egypte et les Etats-Unis d'Obama. CNN commence l'interview en notant que l'Islam occupe une plus grande part dans la société égyptienne d'aujourd'hui et demande à Moubarak junior d'expliquer les raisons de cette radicalisation religieuse de la société égyptienne. Moubarak junior explique que l'Occident et le Monde arabe ont leur part de responsabilité dans cette radicalisation. Sans aller plus loin, il encourage les musulmans à s'exprimer plus fermement contre la « prise en otage » de la religion musulmane par les islamistes radicaux. Il note également que l'occident a aidé cette mouvance radicale, rappelant, primo que la « guerre contre la terreur » lancée par Bush a créé des tensions arabo-occidentales nouvelles et secondo que la question palestinienne continue d'alimenter « frustrations », « haine », « désespoir » et même « un sens d'humiliation » au sein du Monde arabe. Les groupes islamistes, commente-t-il, non seulement se positionnent en porte-paroles des peuples musulmans, mais aussi affirment qu'eux seuls détiennent la solution au problème, solution qui se traduit en confrontation et violence. Il conclut sa réponse en rappelant que l'Egypte est un pays fier, qui au fil des années est devenu et continue d'être dans le monde arabe un symbole de culture, civilisation et coopération. La question du radicalisme religieux, ajoute t-il, est un problème qui ne peut se régler que par la coopération et la collaboration régionale et internationale et en abordant les problèmes de fonds. L'Occident, le Monde arabe et les extrémistes CNN demande à Moubarak junior de donner son point de vue sur l'interview du président Obama diffusée par la chaîne arabe El Arabia (le scripte de l'interview est disponible sur le site de la chaîne arabe, www.alarabiya.net/articles/2009/01/27/65096.html). Il reconnaît le caractère historique de l'élection d'Obama, mais rejette l'idée que l'interview d'Obama est une marque de faiblesse de la part du président américain, comme certains politiciens et commentateurs américains l'auraient intimé. Moubarak junior explique au contraire que la forme, le contenu et le format de son interview démontrent qu'Obama « a un doigt sur le pouls de la région ». Son interview au contraire a montré un certain respect pour le monde arabe que Moubarak junior apprécie fortement. CNN demande également à Moubarak junior ce qu'il pense de la sélection d'Hillary Clinton comme secrétaire d'état, étant donné la perception dans le monde arabe qu'elle serait plus favorable aux positions d'Israël. Moubarak évite de répondre directement, mais loue la visite de Clinton au Moyen-Orient aussi rapidement après l'élection du Président américain et cela, malgré les problèmes économiques et domestiques qui accaparent l'Amérique. Les commentaires de Clinton lors de son passage à Charm El-Cheikh, lors de la conférence pour la reconstruction de Ghaza, vont dans la bonne direction, commente Moubarak junior. Clinton ne s'est pas contentée de parler du problème humanitaire frappant Ghaza, dit-il, elle a non seulement rappelé l'importance de trouver une solution au conflit israélo-palestinien et a prêché le retour vers le processus de paix. Ce qui, à ses yeux, démontre que Clinton comprend l'importance d'aborder les problèmes du Moyen-Orient avec une vue d'ensemble. Moubarak partage sa frustration quant aux demi-mesures qui ont détourné jusqu'ici l'attention du vrai problème. S'adressant aux Israéliens directement, il prévient que : « La fenêtre sur une solution de deux Etats vivant côte à côte est en train de vite se refermer. » Il prône la coexistence de deux Etats vivant de manière sûre dans les confins de leurs frontières nationales, comme la seule solution au conflit israélo-palestinien. C'est « la seule solution viable pour la paix et coexistence dans la région », insiste t-il. Les dégâts de la politique de Bush Moubarak junior donne ensuite son opinion sur la présidence de Bush. Malgré la bonne volonté et la sympathie dont le monde a fait preuve à l'égard des Etats-Unis après les évènements tragiques du 11 Septembre 2001, « la guerre contre la terreur » que Bush a lancé, a intensifié les « frictions, les tensions et les confrontations » entre le monde arabe et les Etats-Unis. Les priorités de Bush se sont éloignées, dit-il, des raisons premières sous-tendant les frustrations du monde arabe vis-à-vis de l'occident. Bush a perdu de vue la cible originelle, déplore-t-il. Moubarak junior se rappelle avec outrage le commentaire de Bush disant que « la route vers Jérusalem passerait par Baghdad », qualifiant de ridicule une telle affirmation. Moubarak junior se rappelle des discussions avec les diplomates américains qui affirmaient alors que le Monde arabe utilisait la question palestinienne afin de détourner l'attention des questions intérieurs. Moubarak junior rappelle avec force que la question palestinienne est une priorité pour la région. Malgré le fait que Bush ait négligé pendant près de huit ans le problème palestinien, Moubarak reste confiant quant à la possibilité de relancer le processus de paix. Après quoi, CNN enchaîne par demander comment le processus de paix peut être relancé alors que les Palestiniens sont divisés politiquement. Moubarak junior ne répond pas directement à la question, mais note que pour répondre à une telle question, on doit au préalable se pencher sur les causes de cette division. Il déplore le fait que pendant les huit dernières années, aucune négociation ou discussions n'ait eu lieu, sous-entendant que cette division est la conséquence du désengagement de l'Amérique et du monde du processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Ce qui explique le regain de confiance que Moubarak junior a exprimé à l'égard de la présidence d'Obama qui, dès le début de son mandat, a identifié le conflit israélo-palestinien comme une priorité. Sur ce, CNN note que l'Egypte a récemment reçu les leaders palestiniens. Moubarak junior refusant de spéculer sur le résultat de cette rencontre, note simplement que les leaders de tous les partis palestiniens étaient représentés, ce qui, d'après lui, est un signe positif. L'interview se termine sur le dossier iranien. Moubarak junior note que l'Egypte et l'Iran ont des positions et visions fondamentalement différentes l'une de l'autre, en ce qui concerne la région et le processus de paix entre Palestine et Israël. Rappelant que son père Hosni Moubarak croit dans la paix avec Israël et, de fait, a continué la politique de paix avec Israël, que Sadat avait entamée. Il, lui aussi, pense que paix et coexistence sont les seules solutions d'avenir pour la région. Sur ce, CNN demande si l'Egypte soutiendrait une action armée contre l'Iran. Moubarak junior commente d'un ton grave que la région, le Monde ou l'Amérique n'ont pas la force ni le courage de se lancer dans des conclusions hâtives et d'entamer un nouveau conflit armé dans la région. Le conflit en Iraq n'est pas terminé, rappelle Moubarak junior et déplore combien les positions des uns et autres se sont radicalisées depuis le commencement de la guerre. C'est pourquoi, Moubarak junior encourage l'Amérique à multiplier les efforts diplomatiques.