Des caricatures perçues comme une offense et un outrage à l'Islam par le monde musulman. Les deux directeurs sont poursuivis sur la base de deux plaintes déposées par le ministère de la Communication. Les directeurs des deux hebdomadaires arabophones ont été placés sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur près le tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Selon des sources proches du parquet, Kamel Bousaâd et Berkane Bouderbala ont été mis en détention préventive sur la base de l'article 144 bis 2 du code pénal, à la suite de deux plaintes déposées par le ministère de la Communication, dès la parution de ces dessins la semaine dernière. Cet article du code pénal stipule dans son alinéa 2 : «Est punie de 3 à 5 ans de prison ferme toute personne qui offense le Prophète et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l'Islam.» Nos sources indiquent que «l'instruction de cette affaire est toujours en cours et pourrait connaître de nouveaux développements» expliquent que «le parquet, habilité à s'autosaisir en pareil cas, n'a été actionné qu'à la suite de la plainte du ministère de la Communication». En plus des poursuites judiciaires à l'encontre des directeurs, les deux publications Errisala et Essafir font l'objet d'une suspension administrative. Décisions qui interviennent au moment même où les directeurs de Canal Algérie et de A3, deux chaînes de télévision publiques, ont été suspendus de leurs fonctions par leur directeur général pour avoir diffusé les caricatures de la discorde. A préciser que c'est la première fois que les services de la communication déposent plainte pour diffamation à l'encontre de journalistes, notamment de la presse privée. Dans une première réaction, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire Essafir, Mohamed Ferdjallah, a déclaré : «C'est le résultat de l'onde de choc provoquée par la vague d'indignation dans le monde musulman et nous sommes les parfaits boucs émissaires (…). Nous n'avons fait que notre travail de journaliste en ramenant la preuve de l'existence des éléments qui ont outragé le monde musulman.» Dans sa déclaration rendue publique hier, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a condamné l'arrestation des deux directeurs de publication et appelé, à travers son centre régional situé à Alger, «à plus de retenue et de sagesse dans un contexte aussi tendu». – Article 144 bis alinéa 2 «Est punie de 3 à 5 ans de prison ferme toute personne qui offense le Prophète et les Envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l'Islam.»