Les slogans scandés lors d'un sit-in à l'hôpital Mustapha Bacha ne font pas dans la nuance : « Le veau ne se vend pas au poids. Psychologue au mois. » « Une administration qui maltraite une profession » ; « Psychologues en colère ». En grève du 22 au 26 mars, les médecins affiliés au Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy) ont affirmé leur intention de durcir le ton jusqu'à la prise en charge de leurs revendications. Dans leur conseil national, qui se tiendra à Béchar, les représentants du Snapsy choisiront de reconduire leur mouvement en une grève cyclique. Malgré la décision de justice décrétant la grève « illégale », une cinquantaine de médecins en blouse blanche ont tenu hier un sit-in sous une chaleur de plomb. « On ne retourne pas en arrière. C'est là une question de dignité et d'identité. L'absence de statut professionnel fait que nous sommes peu motivés à nous investir dans une prise en charge authentique », a explique Mme Remache, psychologue. Les protestataires, des femmes en majorité, s'insurgent contre la politique du département de la santé à leur égard. Première salve : « Nous ne sommes pas valorisés par l'Etat alors que nous sommes respectés par les citoyens. Cela décrédibilise notre profession. Nous défendons l'identité professionnelle qui reste méconnue par la Fonction publique et par l'Etat. Le psychologue thérapeute spécialiste en santé mentale doit bénéficier de la place qui lui revient de droit », a estimé Mme Remache. Deuxième salve : « Après 18 ans de métier, je ne touche que 27 000 DA. Il n'y a pas beaucoup d'indemnités. Cela fait 20 ans qu'on réclame une amélioration de notre situation. 20 ans, c'est une vie », a lâché Mme Zirout, qui s'étonne du fait que les psychologues ne sont pas classés à la 13e catégorie de la Fonction publique, à l'image de tous ceux qui ont un Bac+4. Selon le président du Snapsy, un psychologue débutant démarre sa carrière avec un salaire de 20 000 DA. A l'approche de la retraite, il touche près de 30 000 DA. Les psychologues affiliés au Snapsy croient savoir qu'un projet de loi portant création du statut particulier des psychologues a été signé du temps de Houari Boumediène. « On ne sait pas pourquoi il n'a jamais été appliqué », avoue, stupéfaite, Mme Remache. « Le président du syndicat, Khaled Kedad, était, lui, agacé par les pressions de l'administration : « Regardez, des gendarmes à l'intérieur même d'un hôpital ! Le directeur du Chu de Mustapha Bacha avait menacé la veille du sit-in de faire appel aux forces de l'ordre. Ce n'est pourtant pas un sit-in sur la voie publique », a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Notre revendication principale consiste en l'ouverture du dialogue avec le ministre de la Santé. Lors de notre dernière assemblée générale, nous avons invité le ministre devant un huissier de justice. Aucun émissaire n'a daigné faire le déplacement. Au moment où l'on a appelé au dialogue, il a été fait appel à la justice. » La grève des psychologues a été, selon lui, suivie à hauteur de 96%. Dans un communiqué rendu public hier, les représentants du Snapsy soulignent leur choix de la période de campagne électorale pour la présidentielle pour entamer leur protestation. « Si nous avons choisi le moment où la nation est appelée à débattre les grands problèmes de la société, c'est que nous avons la conviction de devoir témoigner de l'aggravation du mal-être psychologique que génère l'évolution de notre société », souligne-t-on.