Tous ont les visages rivés sur les feuilletons télé qui déferlent sur les chaînes publiques et satellitaires. Et pour ce Ramadhan, annoncent les manchettes des journaux, les feuilletons se répartissent en quatre grands genres : «30 drames sociaux, 7 feuilletons sur le sai'd (les zones rurales), 6 feuilletons à caractère politique et seulement 2 feuilletons religieux !» Au top du box office, le retour de Abdelhalim Hafez, avec après le film Halim sorti cet été, le feuilleton El Andalib, mais aussi notre compatriote Warda El Djazaïriya qui joue pour la première fois dans une série télévisée An El Awan (Le moment est venu) et la jeune star montante du cinéma égyptien Hanane El Tork, qui a fait scandale il y a quelques mois en décidant de porter le hijab. Le hijab est d'ailleurs visiblement la grande nouveauté de cette saison. Jusque-là, les films et feuilletons égyptiens s'évertuaient dans une schizophrénie surprenante par rapport à leur société, à ne mettre en scène que des actrices qui ne portent pas le hijab. Et voilà que pas moins de sept séries télévisées ont pour héroïnes des femmes en hijab. Parmi elles, de célèbres actrices qui avaient, comme Soheir El Babli, décidé de s'abstenir de tourner en décidant de se voiler et qui reviennent en force cette année, parfois il est vrai, dans des feuilletons moralisateurs, «dont le but est d'éduquer les gens à la piété, faire des œuvres utiles, qui ne désobéissent ni à Dieu ni à son prophète», avait expliqué Soheir El Babli à l'hebdomadaire Al Ahram Hebdo. Une tendance qui n'a pas l'air du goût de la télévision publique, qui a passé à la trappe tous les feuilletons de stars en hijab, reléguées aux seules chaînes satellitaires, ce qui a fait dire à une autre célébrité, Soheir Ramzi que «les mouhtajibate ne devraient pas faire peur comme si elles étaient la grippe aviaire». Les débats font donc rage dans les colonnes des journaux et sur les talk-shows, sur l'arrivée du hijab mais aussi sur le rôle d'Al Azhar dont le rigorisme expliquerait la pauvreté de la production de feuilletons à caractère religieux. Un paradoxe bien égyptien, puisque Al Azhar, se plaignent de nombreux réalisateurs, «empêche la représentation physique du cercle des proches du Prophète et se mêle de censurer la moindre liberté prise par les créateurs». L'Egypte est d'ailleurs le seul pays arabe, regrettent-ils tous à l'unisson, à n'avoir jamais autorisé la projection sur les écrans des télévisions publiques du plus grand succès arabe, jamais connu par un film à caractère religieux, Al Rissala du défunt Moustapha Akkad.