Il se pose actuellement en milieu rural l'épineux problème d'évacuation des eaux usées. En l'absence de réseaux d'assainissement, le recours à leur enfouissement dans des fosses septiques devient inévitable. En effet, lors de nos visites dans différents villages des communes de Ammal, Béni Amrane et Souk El Had, nous avons constaté de visu l'absence totale des réseaux d'assainissement des eaux usées dans la plupart de ces régions montagnardes. « L'inexistence déjà des routes qui puissent toucher le cœur des agglomérations, le long desquelles un réseau d'assainissement peut être installé, constitue en premier lieu un handicap », nous dit un habitant d'Aïth Amer dans la commune de Béni Amrane. C'est vrai que cette défaillance, avancée par notre interlocuteur, contribue pleinement au recours à ces méthodes nuisibles, mais elle n'est pas la seule. Car, les autorités, il faut bien le dire, ont failli à leur mission dans plusieurs cas, alors qu'elles sont appelées à jouer un grand rôle dans ce domaine. A Souk El Had, dans le domaine des Cherfaoui par exemple, les citoyens relèvent que « devant les maintes réclamations, les services d'hygiène se sont déplacés plusieurs fois pour se contenter de faire à chaque fois uniquement des constats et des promesses sans lendemain ». La même situation prévaut à Boukarraï, à Mizar et à Ath Mouhouche. M. Attou, le président de l'association de Ath Mouhouche, nous a fait part de sa « consternation face au fait que le projet de réalisation d'un réseau d'assainissement dans son village n'est pas inscrit dans le programme de développement rural établi pour l'année en cours ». Pour remédier à l'indifférence des élus, la sagesse et le bon sens de la communauté villageoise ont joué un rôle fondamental afin de trouver une issue à ce problème. Devant la gravité de la situation, quelques villages, surtout ceux qui sont avantagés par la situation géographique, étant proches d'un oued par exemple, comme Aït Afra, ont réalisé eux-mêmes le réseau. En revanche, certains villages, où la décision de « tajmaât » pour l'intérêt général n'est pas respectée par quelques propriétaires qui ne voudraient pas céder un iota de leurs terres et continuent à subir ce problème. Mais le recours à cette solution engendre désormais deux désagréments aux lourdes conséquences : le premier est d'ordre financier et le deuxième est lié à l'environnement. En effet la réalisation et l'entretien de ces fosses exigent des dépenses conséquentes. Il se pose aussi un problème de pollution. Aussi, les puits sont exposés au risque de contamination. Même la riche variété de végétation n'est pas à l'abri de l'extinction. Cela a été déjà vérifié dans les champs cultivés par les petits ménages. La récolte n'a pas été si abondante et si saine comme par le passé. Enfin les villageois ne demandent qu'à mettre les décisions du wali de Boumerdès à exécution. En effet, le premier responsable de la wilaya lors son dernier passage dans la daïra de Thenia et ses communes a réitéré l'interdiction du recours aux fosses septiques. Mais, comme a dit un habitant de Béni Amrane, « entre une décision et son exécution, il y a un énorme fossé où les doléances des citoyens y sont enterrées ».