On ne compte plus les discours prononcés par le président des Etats-Unis depuis son investiture le 20 janvier dernier et même avant en pleine guerre israélienne contre la bande de Ghaza quelques jours auparavant. On se souvient que Barack Obama avait annoncé son engagement à se mettre au travail afin de relancer le processus de paix. Ce qui a été fait effectivement donnant même des contours à son approche, laquelle s'inscrit dans le prolongement des positions adoptées en ce sens par ses prédécesseurs depuis précisément la fin des années 1970. Sauf que lui s'est engagé dès le début de son mandat, ce qu'aucun autre avant lui n'avait fait. Et c'est ce que les spécialistes retiennent jusqu'à évoquer au moins la fébrilité qui s'est emparée de l'AIPAC, principal lobby israélien aux Etats-Unis, qui a suivi en quelque sorte la montée au créneau des dirigeants israéliens cherchant cette fois à contrarier ce qui semble être une nouvelle stratégie américaine pour cette fois l'ensemble de la région, incluant l'Iran . Ce sont donc ces engagements qui demandent aujourd'hui à être concrétisés et il n'est pas exagéré de dire que le président Obama effectuera ses véritables premiers pas dans le labyrinthe proche-oriental en recevant demain le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, une rencontre qui s'annonce comme une délicate épreuve diplomatique. « Mon administration aura pour politique de rechercher de manière active et énergique une paix durable entre Israël et Palestiniens ainsi qu'entre Israël et ses voisins arabes », disait alors M. Obama qui recevra d'ici fin mai, outre M. Netanyahu, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et le chef de l'Etat égyptien, avant de s'envoler quelques jours plus tard pour Le Caire, d'où il s'adressera le 4 juin au Monde arabe et musulman. M. Netanyahu s'est gardé, lui, d'endosser la « solution à deux Etats » à laquelle poussent les Etats-Unis et la communauté internationale. Les entretiens de demain soulèvent d'innombrables questions. MM. Obama et Netanyahu vont-ils à la collision frontale ? Comment vont-ils faire en sorte que le processus de résolution du conflit israélo-palestinien ne se fige pas encore davantage ? Quel langage M. Obama et M. Netanyahu emploieront-ils pour parler ou ne pas parler de « solution à deux Etats » ? « Il est trop tôt pour dire comment le gouvernement Netanyahu traitera la question arabo-israélienne ou la question iranienne », écrit l'expert Anthony Cordesman, « mais toutes deux peuvent être les sources de tensions majeures si les deux pays n'approfondissent pas leur dialogue habituel ». « Les Etats-Unis et Israël sont alliés, cela ne signifie pas pour autant qu'ils partagent les mêmes intérêts stratégiques », observe-t-il. Les experts n'excluent pas cependant que M. Netanyahu se prépare à accepter publiquement la création d'un Etat palestinien. Les entretiens de demain pourraient servir à clarifier les positions. « Netanyahu doit dire explicitement dans quelle direction il va sur la question palestinienne et Obama doit lui rendre la pareille en disant comment il envisage la politique américaine envers l'Iran si la diplomatie vient à échouer », dit l'expert David Makovsky. « Je ne m'attends pas à ce que la rencontre soit aussi conflictuelle que vous le suggérez », a dit le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs. Mais elle est tout de même importante, puisqu'elle devrait donner des traits encore plus précis à ce qui serait une politique proche-orientale de Barack Obama.