Comment transformer les ressources naturelles en savoir ou en ressources humaines ? », telle est la problématique débattue, hier, par l'ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, à la salle de conférences de la faculté des sciences de l'université M'hamed Bougara de Boumerdès. Invité par le club scientifique Atiaf pour animer une conférence ayant pour thème « l'Algérie de l'après-pétrole », l'économiste a décortiqué la situation économique de l'Algérie d'aujourd'hui et propose des solutions « à même de garantir le développement durable dans notre pays ». Pour Benbitour, « si les responsables ne pensent pas à substituer le savoir au pétrole à travers une stratégie de développement bien définie, nous risquons de subir les pires conséquences de la crise multidimensionnelle que traverse le monde actuellement ». En d'autres termes, l'orateur pense que la malédiction des hydrocarbures risque de mener le pays à une crise insurmontable. Pour lui, « les ressources naturelles sont en voie d'épuisement et nous commencerons à avoir des problèmes à l'horizon 2020 et non pas à partir de 2040 ». Car le pic de production, atteint ces dernières années, n'a pas permis de relancer l'économie nationale et de développer les secteurs stratégiques, comme l'agriculture et le tourisme. Expliquant les facteurs et les raisons ayant conduit à une telle situation, le conférencier évoque, entre autres, l'absence d'une stratégie de développement bien réfléchie. « Nous avons dans un même gouvernement ceux qui parlent d'une stratégie et ceux qui la critiquent et défendent une autre stratégie », a-t-il dit en plaidant pour un mode de développement efficace et global qui peut résister à la globalisation et aux nouvelles donnes du marché international. Selon le Dr Benbitour, l'Algérie ne dispose même pas d'endroit où des gens payés peuvent réfléchir à l'avenir du pays. « 54% des recettes des hydrocarbures sont déposées dans des pays étrangers et inutilisées. Et c'est aux responsables de trouver où les investir », a-t-il ajouté. Poursuivant son analyse, le conférencier précise qu' « aucun pays au monde ne s'est développé par les investissements directs étrangers ». Pour garantir les besoins des générations d'aujourd'hui et du futur, l'ex-chef du gouvernement préconise d'investir dans le domaine de la technologie et de la promotion des compétences managériales. Il estime que le respect des libertés est l'une des conditions sine qua non à tout développement. Comme il a plaidé pour la réforme du système éducatif et l'élaboration de nouvelles planifications et la réorganisation de tous les systèmes d'enseignement, notamment celui du LMD.