A quelques jours avant la formation du gouvernement palestinien de Salam Fayyad, le président de l'Autorité palestinienne a accordé un entretien à notre confrère Algérienews, dans lequel il revient sur les objectifs assignés au dialogue de réconciliation interpalestinien et la gestion de la situation tragique du passage de Rafah. Abou Mazen explique, également, la place de la lutte armée et les autres formes de lutte dans l'agenda de l'OLP, sans omettre de relever les retombées des divergences palestiniennes, en attisant des velléités de certains pays arabes, sans les citer. Interrogé sur les chances d'un accord qui devrait résulter du dialogue entre les factions palestiniennes, Abou Mazen estime possible d'arriver à un accord national, grâce notamment à la médiation et au concours des frères égyptiens. En attendant l'issue de ce dialogue, le président de l'Autorité palestinienne indique qu'« un gouvernement d'unité reste la pierre angulaire (...) pour reconstruire, surtout dans la bande de Ghaza, ce qui a été détruit lors de l'agression israélienne, ouvrir les points de passage et mettre fin aux supplices que vit notre peuple ». Abou Mazen souligne que le dialogue de réconciliation interpalestinien, qui a avancé sur certains dossiers, doit aboutir à un accord global mettant fin à la division et restituant au peuple palestinien son intégrité territoriale et ses institutions. Concernant la situation tragique du passage de Rafah, Abou Mazen a exprimé son aptitude et il se dit prêt actuellement à le reprendre dans les plus brefs délais. « Malheureusement, rétorque-t-il, Hamas a refusé le retour de l'autorité légitime à Rafah, tout en insistant pour le gérer soi-même. » Pour Abou Mazen, cette attitude démontre non seulement une attitude irresponsable du Hamas vis-à-vis du peuple qui vit un calvaire à Ghaza, mais montre qu'on utilise la question du passage pour affirmer la légitimité du coup d'Etat contre les institutions de l'Autorité. Interpellé sur la question de la lutte armée, le président de l'Autorité palestinienne a indiqué que celle-ce n'a jamais quitté son agenda depuis plus d'un demi- siècle et jusqu'à aujourd'hui et qui est restée une constante en toute condition. « Nous résistons jusqu'à ce que nous puissions atteindre les objectifs de notre peuple, à savoir l'indépendance et la création d'un Etat indépendant avec El Qods comme capitale. » Il précise cependant ne pas exclure, pour autant, les autres formes de résistance, comme la résistance politique, diplomatique, populaire… Dans ce sens, ajoute-t-il, « vouloir réduire la résistance à une seule forme, en écartant les autres formes et voies de résistance, peut être considéré comme de l'adolescence politique ». Pour ce qui est des positions des pays arabes, Abou Mazen a relevé que les divergences interpalestiniennes actuelles travaillent en faveur des adeptes d'agendas spéciaux, ceux-là mêmes qui utilisent la cause palestinienne, avec toute sa charge symbolique, à savoir son rôle central dans l'existence même des peuples de la nation arable et islamique, pour se cacher derrière, en vue de réaliser des desseins personnels, n'ayant aucune relation avec le peuple palestinien et sa cause.