Le rendez-vous électoral de la prochaine présidentielle est là pour montrer que la pratique politique en Algérie a été réduite à sa plus simple expression. L'absence d'une dynamique et d'un réel débat contradictoire a fini par éloigner l'Algérien de la sphère politique et les partis peinent à œuvrer sur le terrain. Si le camp démocratique déclare nulle et non avenue l'échéance électorale, la mouvance islamiste qui bat de l'aile y va en rangs dispersés. Dissout dans l'Alliance présidentielle, le Mouvement pour la société et la paix a, sans conteste, perdu de son autonomie et le fait de soutenir un candidat n'émanant pas de ses rangs est sans nul doute un aveu que ce parti du défunt Nahnah a du mal à survivre en dehors des girons du pouvoir. Les résultats du parti lors des législatives de 2007 montrent une diminution de son ancrage populaire. Le MSP qui voulait jouer dès sa création la carte de l'islamisme modéré pour trancher avec le discours extrémiste et radical du FIS-dissous a fini par trouver dans le burnous de Bouteflika une caution pour sa présence au-devant d'une scène politique où l'unanimisme fait bonne figure. L'autre visage qui a habité la scène politique ces dernières années, sous l'étendard islamiste, est celui de Abdallah Djaballah. Ce dernier, destitué de «ses formations politiques», est quasiment absent de la scène politique. Celui qui avait été de la partie dans la présidentielle de 2004 se dit aujourd'hui non concerné par cette élection. En précisant toutefois que son retrait de la course à El Mouradia ne signifie pas «l'arrêt de son combat». Après s'être rebellés tour à tour contre lui, ses deux anciennes formations, à savoir El Islah et Ennahda, vont de leur côté prendre part à la présidentielle, et ce, en décidant de choisir ensemble un candidat. Etant toujours en phase de consultations, les deux formations doivent choisir un candidat émanant soit d'Ennahda ou d'El Islah ou en dehors de ses deux partis, mais qui puisse «unir les voix de la mouvance islamiste modérée», nous confie Djahid Younsi, président d'El Islah. «Nous avons consulté beaucoup de personnalités de la mouvance islamiste et nationaliste et certaines se sont montrées sceptiques par rapport au rétrécissement des marges de manœuvre dans cette course à la présidence de la République. Il y a donc des hésitations, mais nous sommes partisans de l'exploitation de toute marge aussi infime soit-elle», indique Younsi, qui exclut que Djaballah puisse représenter la voie de l'union de la mouvance islamiste.