Des tracteurs tirant des citernes qui ronronnent à longueur de journée devant les blocs pour vendre l'eau aux habitants de la cité Lemridja, telle est l'image hideuse d'une situation qui en dit long sur la souffrance d'un millier de familles vivant dans le plus grand quartier de la ville d'El Milia. « Parce que, disent ils, en pleine période de chaleur, on est privé de la moindre goutte d'eau depuis un mois, en plus des nuées de moustiques qui envahissent nos appartements, de l'insalubrité des lieux, de l'insécurité dûe à l'absence de l'éclairage public et des broussailles débordant à l'intérieur de la cité ». L'indignation de ceux que nous avons rencontrés sur les lieux est à son comble lorsqu'ils évoquent avec dépit et désappointement que l'eau est leur principal souci. « Heureusement qu'il y a ces tracteurs », soupirent ils, non sans pointer un doigt accusateur à l'adresse des responsables locaux « qui semblent, soulignent ils, incapables de trouver une solution à nos problèmes ». Même si on évoque qu'un projet de l'éclairage public est en cours de réalisation pour les quelques 400 logements de la cité CNEP, il n'en demeure pas moins que l'APC, qui gère la distribution de l'eau à la cité Lemridja, est plus que jamais accusée d'avoir failli à sa mission. « A chaque fois qu'on s'adresse aux responsables concernés, on nous donne des promesses, qui sont toujours restées lettres mortes », notent nos interlocuteurs. A l'APC, on indique que le problème posé actuellement est dû à une panne de pompe, qui sera incessamment réglée. D'un autre côté, l'on s'interroge toujours sur le non transfert de la gestion et la distribution de l'eau à l'ADE, en dépit de la demande faite dans ce sens par les services de l'APC. Ceci dit, il y a lieu de noter qu'une partie de la cité Lemridja renferme 386 logements sociaux et l'autre est composée d'appartements que la CNEP a vendus à des épargnants ayant payé le prix fort pour les acquérir. Ces derniers semblent les plus indignés de ces conditions, sachant bien qu'ils ont mis le paquet pour s'offrir un appartement … sans eau ! « Le hic est que on ne sait pas à quel organisme on appartient quand la CNEP se dégage de cette responsabilité et l'APC semble ne pas faire trop de souci à nos problèmes, parce qu'on est acheteurs à la CNEP. » Dans une action toute originale qui en dit long sur le calvaire qu'elles endurent, une douzaine de femmes venant de la cité Tatar ont bloqué, il y a quelques jours, la porte d'entrée du centre de l'ADE pour protester sur la non distribution de l'eau dans leur quartier. A Lemridja, ce sont de jeunes femmes, médecins spécialistes, de surcroît, exerçant à l'EPH Bachir Mentouri et occupant des logements de fonction dans cette cité, qui guettent quotidiennement le passage des tracteurs pour remplir des jerricans d'eau !