Une délégation d'ex-détenus politiques des territoires occupés du Sahara occidental est, depuis hier, à Alger. Elle participe au 2e Festival culturel panafricain pour plaider la cause sahraouie pour l'autodétermination. Lors d'une conférence de presse animée à l'APC d'Alger-Centre, les représentants de la résistance du peuple sahraoui n'ont pas manqué de dénoncer les atteintes aux droits de l'homme comises par les forces d'occupation marocaines. « Nous sommes ici à Alger pour dire qu'il y a un mur de silence dans les territoires occupés du Sahara occidental pour instaurer un black-out sur les dépassements et les atteintes aux droits de l'homme commises par les services de sécurité marocaines », a soutenu, hier, le président de la Commission pour la défense des libertés et des droits de l'homme sahraoui et porte-parole de la délégation sahraouie, Ennaâma Asfari. Ce dernier, profitant de la présence des journalistes africains, a tenu à insister sur « l'unicité du peuple sahraoui sous l'égide de la République arabe sahraouie démocratique (RASD ». « Nous militons pour une cause juste, mais mal connue en Afrique », a-t-il fait savoir, regrettant que « les grandes puissances ne veulent pas que les Sahraouis existent ». A un journaliste ivoirien qui l'interrogeait sur ce qui bloque l'issue de ce conflit malgré les différentes résolutions de l'ONU, soutenant tout le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, M. Ennaâma a répondu que « le Maroc défie toutes les résolutions et ne veut pas leur applicabilité ». « Il y a un blocage politique et humanitaire des grandes puissances, notamment la France », a-t-il précisé. « Le peuple sahraoui n'est pas mort, ce drapeau que je porte au cou ici à Alger, je le hisserai avec fierté même une fois à El Ayoun », a lancé pour sa part Sakina Djed Ahlou. Cette dernière est considérée comme un des symboles de la lutte pour l'indépendance du peuple sahraoui. Elle a été emprisonnée pendant une dizaine d'années (1981 à 1991). Ses témoignages sur les conditions de son incarcération sont poignants. Invités par le Comité national de soutien au peuple sahraoui (CNASPS), ces ex-prisonniers politiques sahraouis et militants des droits de l'homme ont, également, témoigné de graves violations de droits de l'homme commises par l'Etat marocain dans leurs territoires. « Des centaines de citoyens sahraouis subissent quotidiennement de la torture et de la répression », indique l'ex-prisonnier politique et activiste des droits humains Ali Salem Tamek, qui a, une fois interrogé, refusé la thèse selon laquelle l'Intifadha des territoires occupés s'est essoufflée. Pour étayer ses propos, M. Tamek évoque la grève de la faim qu'observe un groupe de prisonniers politiques sahraouis depuis 62 jours dans les geôles de la monarchie marocaine. « Le combat des prisonniers politiques est un prolongement de cette résistance », a-t-il expliqué. Et d'ajouter : « l'intifadha est une partie de notre lutte pour la liberté, elle se poursuivra avec tous les moyens pacifiques. C'est un appel pour la paix. » L'activiste des droit des l'homme sahraoui Ahmed Hemad a, quant à lui, tenu à rappeler que « cette résistance est venue après 30 ans de répression et de torture ». Selon lui, « le peuple sahraoui a répondu à cette situation de façon pacifique ». A ses yeux, « l'intifadha a brisé la propagande marocaine ». Y a-t-il une autre possibilité pour la poursuite de la lutte ? Les conférenciers n'ont pas voulu répondre à cette question, arguant le fait que celle-ci relève des décisions du Front Polisario. « De toute façon même si on opte pour les armes, ce sera une lutte légitime », consent Ahmed Hemad. « Tous les moyens sont, pour nous, légitimes pour arracher nos droits », estime pour sa part Ennaâma Asfari.