Comptant parmi les plus vastes communes de la wilaya de Bouira, avec en prime d'importantes richesses naturelles, El Hachimia donne encore l'impression d'une municipalité qui a raté ses occasions de développement. En effet, ni ses richesses minières, ni ses sites touristiques et ni encore moins ses vastes champs agricoles n'ont pu donner à cette commune la mesure de faire l'ombre à ses voisines qui pataugent encore dans l'indigence. Située au cœur d'une vaste plaine fertile, au sud-ouest de la wilaya de Bouira, cette localité continue à se plaindre des maux de la vie et des contingences quotidiennes. Ses habitants, des paysans pour la plupart, font le pied de grue en attendant des lendemains meilleurs. Manque de commodités de base, chômage et misère sont le lot des contraintes quotidiennes de la population. Pourtant, des investisseurs y installent leurs fabriques polluantes pour certaines. A voir le nombre de carrières d'agrégats installées dans les quatre coins de cette commune, on est tenté de conclure à l'absence de chômage dans ces contrées. La réalité est tout autre. Les jeunes de cette commune ne cessent de se plaindre de ce mal qui les réduit au statut de simples «esclaves saisonniers». Les investisseurs installés dans cette région préfèrent ramener leurs employés d'ailleurs alors que la main-d'œuvre locale ne doit prétendre à aucun statut dans ces entreprises, se plaint-on. Recrutés sous contrat à durée déterminée ou, parfois même, sans aucune déclaration, ces jeunes travailleurs de l'ère moderne sont soumis à des conditions de travail intenables moyennant des rétributions dérisoires. Au charbon, les hommes… Halim, un jeune de 25 ans, attablé dans un café du centre-ville d'El Hachimia, ne mâche pas ses mots en déclarant : «les jeunes de notre commune ne sont jamais considérés. Ils servent, comme leurs aînés à l'époque coloniale, d'hommes au charbon» Pour lui, «toutes les tentatives de trouver une issue à la crise du chômage n'ont pas abouti, car, à chaque fois, on nous ressort le fait que la plupart d'entre nous ne dispose pas de diplômes. Alors, l'erreur n'est pas la nôtre, puisque l'on n'a même pas un centre de formation digne de ce nom, à même d'assurer des formations diplômantes dans les domaines demandés dans notre commune». Ammi Ahmed, un sexagénaire dira de son côté : «notre jeunesse est livrée à elle-même et les responsables en hauts lieux, ne semblent pas s'intéresser à notre sort plus qu'ils ne s'intéressent à nos richesses naturelles». Le même malaise est, d'autre part, ressenti auprès des responsables municipaux. Certains parmi ces derniers ne cachent pas leur désapprobation quant à la politique suivie jusque-là. «Nous sommes réduits à gérer les futilités et tenter de répondre quotidiennement aux besoins les plus élémentaires de nos concitoyens», dira un élu qui regrette le fait que l'APC ne dispose pratiquement d'aucune prérogative à même de lui permettre d'engager une politique économique de développement local. «Comment voulez-vous qu'on s'attèle à tracer des stratégies de développement quand la gestion de nos richesses naturelles nous échappe complètement ? D'autre part, dans une commune où les responsables municipaux se trouvent acculés à suivre quotidiennement les opérations d'approvisionnement en eau potable, par voie de citernage, à travers tout le territoire de la commune, il ne faut pas s'attendre à des miracles». Pourtant, les efforts de l'équipe dirigeante actuelle ne sont pas des moindres. Le P/APC, M. Abidat a affirmé que sa commune encore dépendante des subventions de l'Etat dans le cadre des programmes communaux et sectoriels (PCD et PSD), tente tant bien que mal de redresser la barre en essayant de lutter efficacement contre les insuffisances nombreuses dont souffre la population. Ouverture de routes, alimentation en eau potable, transport scolaire et aménagements tous azimuts, sont le lot quotidien des préoccupations des élus locaux. Potentialités touristiques inexploitées Les citoyens de leur côté accusent les autorités, notamment au niveau de la wilaya, d'avoir longtemps négligé cette localité. Pourtant située, à un jet de pierre du chef-lieu de la wilaya et constituant le grenier par excellence de toute la région, elle ne semble bénéficier d'aucune considération, à en croire les habitants d'El Hachimia. «Les richesses minières de notre commune sont gérées à partir de la wilaya, ce qui fera que nos élus n'ont aucun droit de regard quant aux dividendes y découlant», dira Karim, un jeune universitaire qui regrette le fait que toutes ces richesses puissent placer cette commune au rang de capitale économique de la wilaya. Autant que pour l'industrie, la commune regorge d'énormes potentialités touristiques qui lui donnent une place de marque dans le paysage local. En effet, et à titre d'exemple, le seul site de Hammam Ksanna, pourtant souvent montré comme un trophée de fierté par les responsables du secteur du tourisme de la wilaya, ne semble pas pris au sérieux. Une virée sur les lieux démontre combien l'inertie et l'incompétence caractérisant les responsables du secteur sont des faits indéniables. En effet, et en dépit du fait qu'un projet ambitieux d'aménagement ait été engagé, les lieux donnent encore l'image désolante d'un milieu abandonné par les siens. Sans voies de communication viables, et sans aménagements à la hauteur de l'importance du site, l'endroit continue à recevoir ses habitués dans des conditions qui frôlent l'inacceptable. Sans aucune structure d'accueil digne de ce nom, le site reste encore à son état naturel, dans le cas où les nouvelles constructions non achevées, défigurent pas davantage son panorama. C'est dire que les choses se présentent tellement mal au niveau de cette localité. Avantagée certes par la nature, mais réduite à la portion congrue par une vision limité et une absence criante de perspective caractérisant sa gouvernance. El Hachimia est ainsi ce que l'on peut aisément appeler un eldorado abandonné…