Le verrouillage du débat religieux imposé par nos autorités politiques, et à leur tête le ministère des Affaires Religieuses, signalent plusieurs experts, et le brouillage des repères identitaires dont sont victimes nos jeunes a fait de l'Algérie un terrain favorable au développement des sectes. Dans ce contexte, de nombreux mouvements ont, des lors, jeté leur dévolu sur l'Algérie pour y chercher un nouveau souffle et de nouvelles perspectives d'avenir ! Et parmi les sectes qui se sont installées récemment en Algérie, on retrouve les Ahmadis, adeptes de l'Ahmadisme, dont l'influence et le nombre ne cessent de monter en puissance dans plusieurs régions du pays notamment à Alger et ses environs. Considéré comme un mouvement dissident de l'Islam, l'Ahmadisme essaie de séduire les jeunes Algériens en commercialisant l'image d'un Islam «Soft». Il n'est plus question d'interdits ou de devoirs religieux, les Ahmadis axent surtout leur discours religieux sur le renouveau qu'ils veulent initier dans le monde grâce à leur Messie Mirza Ghulam Ahmad. En vérité, les Ahmadis croient que Mirza Ghulam Ahmad, né en 1835 dans le Penjab en Inde, fut le second Messie. Dieu l'aurait envoyé sur Terre pour ramener la paix et la justice ! En s'appuyant sur ses textes "sacrés", les Ahmadis prétendent que Jésus n'est pas mort sur la croix, ni ressuscité. Il aurait survécu à sa crucifixion, pour ensuite se rendre au Cachemire y terminer ses jours. "Chers amis, la venue de ce Messie Promis (as) et Mahdi de toutes les religions s'est déjà manifestée en la personne de Hazrat Mirza Ghulam Ahmad (as) (1835-1908) de Qadian, un petit village du nord de l'Inde. Sous direction divine, comme accomplissement des prophéties faites préalablement, il a jeté les bases, en 1889, de ce qu'est aujourd'hui le Mouvement Ahmadiyya, un mouvement international et dynamique. En tant que fils spirituel et disciple du Saint Prophète (saw), il a été mandaté par Dieu pour rétablir l'Islam dans sa pureté originelle et ainsi réunir et représenter toutes les religions révélées. Il a aussi annoncé être le Messie Promis et Mahdi (as), et que le Messie, Fils de Marie ne reviendrait pas, car après sa délivrance de la croix, ce dernier mourut d'une mort naturelle et que son âme repose en paix au ciel. Il a également annoncé que Dieu parle encore et qu'il est le récipiendaire de communications divines". Ce ne sont là que quelques extraits des ouvrages photocopiés qui circulent en ce moment, sous le manteau, dans plusieurs quartiers à Alger, notamment dans les universités, les lycées, les cafétérias et les endroits les plus fréquentés par les étudiants et les jeunes en général. Les jeunes, la cible privilégiée "Les Ahmadis ont fait leur apparition en Algérie durant ces cinq dernières années. Ils sont loin d'être des illuminés farfelus. Bien au contraire, ils sont méthodiques et cherchent à séduire le maximum de jeunes Algériens. Au début, ils essaient de vous faire croire qu'ils cherchent à mobiliser les musulmans contre le fanatisme et la violence organisée. Mais, au fond, c'est toute leur croyance axée sur la vénération de leur Mehdi qu'ils veulent propager parmi les jeunes", explique un chercheur universitaire qui planche sur cette question depuis un certain temps. Approchés à maintes reprises par les prêcheurs Ahmadis, plusieurs étudiants de l'université d'Alger et de la faculté des Sciences Islamiques de Kharrouba, nous ont confiés que ce mouvement tente le tout pour le tout afin de se fondre en Algérie. "L'Algérie est un pays très jeune et il voit en lui un magnifique laboratoire pour l'épanouissement de leurs croyances basées sur la réincarnation de Jésus et la déification de leur Medhi : Mirza Ghulam Ahmad. S'ils ne sont pas dangereux dans la forme, ils sont réellement menaçants dans le fond. En Indonésie, les Ahmadis sont devenus si nombreux qu'ils ont commencés à poser de sérieux problèmes politiques. Ils se réclament comme étant un réelle minorité religieuse et non pas comme secte. Notre pays si fragile n'a pas besoin d'une énième crise politique", souligne une source proche du Ministère des Affaires Religieuses. Ce dernier aurait été contacté par la «Ahmadiyya Muslim Community», une sorte de Califat des Ahmadis dont le siège est situé à Londres, au sujet d'une demande pour une autorisation officielle permettant la construction de la première Mosquée Ahmadie en Algérie ! Mais le département de Bouabdellah Ghlamallah a, indique-t-on, refusé catégoriquement cette demande. "On sait que les autorités religieuses surveillent de prés les activités de cette secte. Mais j'ai l'impression qu'ils prennent à la légère les dangers qu'elle peut présenter. Officiellement ils n'appellent pas à la violence, mais les livres soi-disant sacrés qu'ils font circuler sur les paroles et les réflexions de leurs Mehdi dénaturent dangereusement l'image et les conceptions de l'Islam chez nos jeunes", prévient un professeur de la Faculté des Sciences Islamiques qui a préféré l'anonymat pour se prononcer tellement le sujet est, selon lui, délicat ! Quoi qu'il en soit, de nombreux intervenant certifient que le nombre des Ahmadis en Algérie est en constante augmentation. Sous couvert d'associations caritatives ou religieuses, ils investissent les facs pour dispenser leurs cours religieux. Cela s'explique, d'ailleurs, par la très forte propagande dirigée vers tout le Maghreb par "Ahmadiyya Muslim Community". Des programmes télévisuels destinés au Maghreb Cette dernière dispose même d'une chaîne satellitaire qui diffuse à longueur de journées des programmes spécialement élaborés pour le Maghreb. Plusieurs émissions de "jalsat", causeries religieuses des Ahmadis, sont organisées en direct et les téléspectateurs Algériens appellent en masse pour y participer. C'est dire donc que beaucoup de nos concitoyens sont tombés sous le charme de cette secte ! Sur la toile, le site officiel de l'Ahmadiyya propose carrément aux Algériens et à tous les Maghrébins de participer à la "Moubaya'â", à savoir la consécration du nouveau Mehdi Mirza Ghulam Ahmad. Plusieurs autres sites et blogs affiliés à l'Ahmadisme distillent, dans plusieurs langues, également ses idées. Une puissante machine de guerre est donc mise en branle par l'"Ahmadiyya Muslim Community" dont la prospérité financière lui permet d'envisager de conquérir de nouvelles contrées. L'Algérie doit donc se méfier. Rappelons enfin que l'Organisation de la conférence Islamique a déclaré comme secte l'Ahmadisme en 1973. Depuis, les Ahmadites, au nombre de 10 millions d'adeptes à travers le monde, ne peuvent plus accomplir le pèlerinage à la Mecque.