Sur le marché, les prix de tous les produits continuent de grimper. La fin du Ramadhan durant lequel la spéculation a battu son plein ne semble plus freiner cette tendance haussière qui s'empare de la mercuriale. Farine, semoule, sucre, mais aussi d'autres produits et surtout des matériaux utilisés, notamment dans le secteur des travaux publics et du bâtiment, deviennent de plus en plus chers. Le prix du rond à béton, qui avait connu une baisse ces derniers mois, est revenu à la hausse. Cédé à moins de 5000 DA il y a quelques semaines, le quintal frôle déjà les 6000 DA. Les exemples sont nombreux. Pourquoi une telle flambée ? Les mesures de la loi de finances complémentaire (LFC 2009) semblent expliquer cette situation, qui s'ajoute au chaos économique dans lequel patauge le pays. Au fur et à mesure que le temps passe apparaissent les conséquences des nouvelles mesures, dont le crédit documentaire censé assurer la traçabilité des marchandises. Bien qu'appliquée dans plusieurs pays, cette mesure – et surtout son mode d'application – pénalise non seulement les importateurs mais aussi les opérateurs économiques qui rencontrent des difficultés à s'approvisionner en matières premières. Certes, les spécialistes s'accordent à dire que le crédit documentaire est un moyen de paiement des plus sécurisés. Mais nombreuses sont les voix qui s'élèvent pour critiquer son mode d'application qui risque de provoquer des pénuries de toute sorte de produits, dans un pays qui importe plus de 90% de ses besoins en produits alimentaires et équipements. Les entrepreneurs commencent à se plaindre du manque de certains matériaux importés. Les pharmaciens aussi parlent de la rareté de certains médicaments. Au rythme où vont les choses, le pays risque de se retrouver rapidement en rupture de stocks. Les importateurs se plaignent des délais d'ouverture du crédoc, qu'ils considèrent comme « longs ». Cela sans compter le fait que le crédoc soit plus coûteux. Le ministère a, faut-il le souligner, tenté de rectifier le tir, engageant des procédures d'allégement des délais. Le crédit documentaire n'est cependant pas l'unique cause de cette flambée généralisée. La dernière mesure concernant l'interdiction des produits non conteneurisés au port d'Alger y est pour beaucoup. Son entrée en vigueur, prévue pour le mois d'octobre, va inéluctablement provoquer un coût supplémentaire du transport, ce qui se répercutera sur le prix des marchandises. Les bateaux transportant des produits non conteneurisés vont être orientés, à la faveur de cette nouvelle mesure qui semble irréversible, vers les ports de Djendjen, dans la wilaya de Jijel, de Mostaganem et de Ghazaouet. Parmi ces produits interdits au port d'Alger, l'on peut citer le rond à béton, le bois, les produits alimentaires ainsi que les car- carriers (bateaux transportant les véhicules). Le ministère des Transports a précisé que cette mesure vise à décongestionner le port d'Alger. Mais l'Association des consignataires maritimes a affirmé que les navires transportant les produits non conteneurisés ne sont pas à l'origine de la congestion du port d'Alger. Selon les agents consignataires, le traitement de ces marchandises se fait rapidement et ne connaît que rarement des retards de mise à quai ou de déchargement. La situation est telle que l'on craint le retour du temps des pénuries dont les Algériens ont beaucoup souffert durant décennie passée. Seulement que cette fois-ci, l'Algérie n'est pas à court d'argent.