L'activité mutualiste est à la traîne en Algérie, révèle Abdelhakim Berrouk, chercheur au Cread et président du conseil d'administration de la Caisse mutuelle d'Algérie (CMA), créée en 1969. Le nombre de travailleurs mutualisés n'excède pas 8,3% de la population active, explique-t-il lors d'une intervention durant les travaux de la 1re journée du symposium national portant sur le mouvement mutualiste en Algérie, organisé hier, au siège du Cerist à Alger. D'après lui, l'activité mutualiste « est très loin des objectifs escomptés ». « Ce faible taux d'adhésion démontre de manière claire l'absence de la culture mutualiste et de la conscience sociale », déplore M. Berrouk. Même son de cloche chez Halfaoui Ahmed, représentant du département de Tayeb Louh. Selon lui, seulement 1,1 million de travailleurs salariés (un quart de la population active) sont affiliés aux 33 mutuelles exerçant en Algérie. Comme un aveu d'échec, M. Halfaoui reconnaît que « les résultats sont en deçà des attentes ». Rien que pour la France, il existe près de 6500 sociétés mutualistes de tailles très variées, selon un document de la Fédération nationale de la mutualité française. C'est le retard abyssal enregistré par l'Algérie dans ce domaine complémentaire aux mécanismes de la sécurité sociale. Pour M. Halfaoui, le gros des travailleurs affiliés aux sociétés mutualistes en Algérie se recrute parmi les secteurs de l'éducation nationale, du pétrole, de la santé, des douanes et de la Protection civile. Ce responsable au ministère du Travail invite les travailleurs relevant du secteur à s'organiser autour de ce mouvement. « Le mouvement mutualiste doit se préparer aux mutations socioéconomiques et surtout aux réformes engagées dans le système de sécurité sociale », dira-t-il. Au-delà de la difficulté d'attirer les travailleurs salariés afin s'inscrire au sein des mutuelles, M. Berrouk dénonce « la concurrence déloyale » des compagnies d'assurances. « On est une mutualité à caractère non lucratif. Par contre, les compagnies d'assurances signent des conventions avec les chefs d'entreprises sans le consentement de leur personnel. Il y a un manque d'informations et les partenaires sociaux ne jouent pas leur rôle tels les affaires sociales et les syndicats », a-t-il déploré, en rappelant que l'adhésion est un acte volontaire et individuel. « Nous, nous proposons des services et des prestations et c'est aux travailleurs de juger d'eux-mêmes (...) L'action mutualiste est foncièrement en rapport avec le mouvement syndical », a précisé notre interlocuteur. Autrement dit, tant que le mouvement syndical n'a pas d'emprise dans le secteur privé, il ne pourrait y avoir de place pour les mutuelles. Sur un autre chapitre, M. Berrouk interpelle le ministère de tutelle afin de réviser la loi 90-83 pour permettre la naissance du service de la retraite complémentaire. A noter que les travaux du symposium national organisé par le CMA se poursuivront aujourd'hui avec la participation de plusieurs chercheurs et d'universitaires.