Alors que son président, Mahmoud Ahmadinejad, multiplie les attaques verbales contre Israël, « ce régime occupant Al Qods et qui doit disparaître de la page du temps », l'Iran négocierait en coulisse avec l'Etat hébreu sur la dénucléarisation du Moyen-Orient. Quand la realpolitik dépasse l'idealpolitik, les intérêts des Etats surpassant leurs idéaux, on peut s'attendre à de grosses surprises géopolitiques. Au moment où l'Iran négocie à Vienne (Autriche) un accord sur l'enrichissement d'une partie de son uranium à usage civil avec les Américains, les Russes et les Français, on apprenait, hier, qu'une représentante de la commission pour l'énergie atomique d'Israël aurait rencontré à plusieurs reprises, les 29 et 30 septembre dernier, un important responsable iranien pour discuter du nucléaire au Proche-Orient. « Ces rencontres se sont déroulées à huis clos et leur tenue n'aurait pas dû être révélée, mais l'Australie, qui les a organisées, a jugé bon d'en faire état », a-t-on précisé à cette commission. Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Shirzadian, a démenti toute discussion entre l'Iran et Israël, selon le site internet de la télévision d'Etat. « La République islamique d'Iran ne reconnaît pas le régime sioniste et le considère comme un régime fantoche et illégitime », a souligné jeudi M. Shirzadian. « Ce mensonge est un acte de propagande qui vise à affecter le succès de la diplomatie iranienne lors des réunions de Genève et Vienne avec les puissances du groupe des Six destinées à apaiser les tensions sur le programme nucléaire iranien », a dit M. Shirzadian. Ces discussions entre officiels israéliens et iraniens seraient sans précédent depuis la révolution islamique d'Iran en 1979. L'Iran ne reconnaît pas l'Etat d'Israël, qui considère, de son côté, la République islamique comme son ennemi juré. Selon le quotidien israélien Haaretz, les discussions, qui ont porté sur une éventuelle dénucléarisation du Proche-Orient, ont réuni Meirav Zafary-Odiz, directrice du suivi pour le contrôle des armements nucléaires de la commission pour l'énergie atomique d'Israël, et Ali Ashgar Soltanieh, représentant iranien à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Les discussions se seraient déroulées en présence, notamment, de représentants d'autres pays membres de l'AIEA dans un grand hôtel du Caire sous les auspices de la Commission internationale pour la non-prolifération des armes nucléaires, a ajouté le journal. Toujours selon Haaretz, des délégués de Jordanie, d'Egypte, de Tunisie, du Maroc, d'Arabie Saoudite ainsi que des Etats-Unis et de l'Union européenne ont assisté aux discussions. Haaretz cite un témoin des discussions, selon lequel M. Soltanieh a notamment demandé directement à Mme Zafary-Odiz si son pays disposait de l'arme nucléaire. Celle-ci aurait souri, sans répondre à la question. Elle aurait par ailleurs souligné qu'Israël était d'accord sur le principe d'organiser des discussions concernant une dénucléarisation du Proche-Orient, mais aurait affirmé aussi qu'il fallait renforcer la sécurité régionale et conclure des arrangements de paix auparavant. Selon des experts étrangers, l'Etat hébreu compterait jusqu'à 200 ogives nucléaires conçues, notamment, grâce au réacteur de Dimona. Israël, qui refuse de reconnaître qu'il dispose de l'arme nucléaire, affirme que cette installation, vieille de plus de 40 ans, est un centre de recherches. Mais l'Etat hébreu considère le programme nucléaire de l'Iran et la construction de missiles de longue portée de Téhéran, comme une menace majeure. Après des négociations entre l'Iran, la Russie, les Etats-Unis et la France, un projet d'accord a été élaboré à Vienne. Il prévoit le transfert, en Russie, de la majeure partie du stock d'uranium enrichi à 5% que Téhéran possède. Ensuite, la Russie doit enrichir cet uranium à hauteur d'environ 20% avant que la France ne le transforme en combustible pour le réacteur de recherche de Téhéran. L'Iran devrait donner sa réponse sur cet accord dès aujourd'hui.