Cette maladie que l'on croyait à jamais éradiquée en raison de la vaccination néonatale préventive qui avait tendance à se généraliser, est en train de reprendre du terrain à une allure fort inquiétante. En effet, selon les statistiques de la direction de la santé, il apparaît clairement que cette maladie, outre le fait fort inquiétant de l'apparition d'une forme extra-pulmonaire, gagne toutes les régions de la wilaya sans exception. C'est ainsi que l'on dénombre entre 5 et 250 cas selon les communes. Les agglomérations les plus touchées sont souvent les plus peuplées. C'est le cas notamment du chef-lieu de wilaya (250 cas), de Aïn Tédelès (31), de Sidi Lakhdar (25), de Hassi Mamèche (25) ou de Kheireddine (20). Ce qui semble indiquer une nouvelle tendance est l'apparition de tuberculose extra-pulmonaire dont le nombre de patients recensés est en constante évolution. En effet, entre 2002 et 2004, le nombre de cas dépistés s'élèvera de 204 à 301 pour l'ensemble de la wilaya. Durant l'année 2004, le secteur sanitaire de Mostaganem enregistrera à lui seul plus de 57% des cas positifs. Il est suivi par le secteur sanitaire de Aïn Tédelès avec 88 malades, soit 29% du total. Toutefois, ce que les chiffres de la DSP semblent occulter c'est l'évolution des cas pathologiques recensés durant ces trois années. Que sont devenus les 204 tuberculeux recensés en 2002 ? En effet, rien que pour la forme extra-pulmonaire, nul ne sait ce que sont devenus les 204 tuberculeux recensés en 2002, ni les 277 de 2003. S'agit-il à chaque fois de nouveaux malades dépistés ? Ou bien les chiffres de chaque année ne sont qu'un cumul des récidivistes des années antérieures, auxquels viennent s'ajouter les cas recensés durant l'année considérée ? Car, lorsqu'un malade est déclaré positif - suite à un double dépistage effectué au laboratoire d'analyses de Mostaganem, qui sera recoupé avec le diagnostic réalisé par l'équipe du professeur Yala de l'Institut Pasteur -, il est en principe pris en charge pour une antibiothérapie de longue haleine. Pour de multiples raisons, ils se trouve que les traitements ne sont pas toujours efficients. L'une des principales causes de ces échecs est incontestablement la rupture de l'antibiothérapie, notamment chez les familles démunies ou isolées. Ce qui aura pour fâcheuse conséquence le développement d'une antibiorésistance chez nombre de sujets. Il se trouve que les laboratoires d'analyses sont parfaitement outillés pour mettre en évidence cette antibiorésistance du bacille de Koch pour l'ensemble des antibiotiques disponibles. Mais, très souvent, l'absence d'un suivi, l'interruption du traitement, le sous-dosage et la capacité des bactéries à développer des gènes de résistance aux antibiotiques et à les transmettre à leur descendance, font que les structures sanitaires ne sont pas outillées pour adapter une thérapie. L'apparition de ces nombreux cas de tuberculose, notamment sous sa forme extra-pulmonaire, devrait inciter les responsables à élaborer une stratégie novatrice afin de préserver l'efficacité des antibiotiques sans lesquels toute forme de lutte devient dérisoire. A en croire le cri d'alarme de l'OMS, il semble que le mal soit déjà fait. Pour les zones éparses du Dahra, où l'on enregistre 173 cas pour la seule année 2004, seule la réalisation de structures lourdes - hôpital, polycliniques - pourrait aider à réduire le confinement des populations et assurer une bonne couverture sanitaire.