En dépit des manœuvres et autres moyens utilisés par les autorités quelques jours auparavant pour déjouer le mouvement de protestation des chômeurs, la marche pacifique de «l'instauration de l'Etat de droit» organisée hier à El Oued, a connu une réussite totale. C'est ce qu'ont déclaré les organisateurs et des militants des droits de l'homme. Ainsi, après le succès médiatique et politique de la manifestation des chômeurs à Ouargla et à Laghouat, c'est au tour d'El Oued d'en abriter la troisième. Quelques milliers de personnes se sont rassemblées, hier, à la place Hamma Lakhdar, au centre-ville d'El Oued, où se trouve le Monument aux martyrs, pour revendiquer leur droit au travail et au développement et l'instauration de l'Etat de droit. Des représentants du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) et ceux de la Ligue algérienne des droits de l'homme, venus des wilayas de Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Adrar, Djelfa et El Bayadh, ont pris part à ce rassemblement qui a eu lieu suite à l'appel du CNDDC. Les manifestants ne cessaient de scander : «Non à la hogra, non à la marginalisation, non à l'exclusion», «M. Sellal, où est notre droit au travail ?», «Nous voulons des institutions justes et honnêtes», «Relâchez les personnes arrêtées». Les représentants du CCNDC ont accusé les pouvoirs publics d'essayer de déstabiliser leur mouvement de revendication pacifique. Mais c'est «peine perdue», disent-ils. Et de préciser que le coordinateur du CNDDC de la wilaya de Sétif et celui de la wilaya de Laghouat ont été arrêtés, vendredi dernier, par les services de sécurité, et ce, selon eux, «pour semer la terreur parmi les jeunes». De plus, d'importants renforts sécuritaires avaient afflué vers la région d'El Oued. Concernant les «manœuvres» du pouvoir, le chef de la section du CNDDC d'El Oued, Rachid Aouine, qui avait été arrêté il y a trois jours, puis relâché, nous a déclaré que l'administration avait ordonné à des pseudo-représentants de la société de diffuser des communiqués pour contrer le CNDDC. Et de préciser : «Le wali d'El Oued a tenu jeudi dernier une rencontre avec les associations des quartiers de la ville pour discuter des problèmes du développement de la commune du chef-lieu. Ce propos du wali qui a qualifié notre mouvement pacifique de désordre n'était qu'une action visant à nous déstabiliser.» Concernant son arrestation, il a affirmé : «L'opération d'arrestation nous a beaucoup servis en renforçant les liens entre nous.» Par ailleurs, le coordinateur national du CNDDC, Tahar Belabès, nous a déclaré que son comité revendique un dialogue sérieux avec ceux qui décident réellement. Et d'ajouter : «Nous sommes en train de mobiliser les jeunes dans toutes les wilayas du pays pour que le pouvoir accepte de dialoguer avec nous et qu'il trouve des solutions sérieuses à nos problèmes.» Il a également indiqué que sa coordination voudrait être un partenaire incontournable, ajoutant que si le pouvoir continue de manœuvrer, «les choses nous échapperont et nos revendications seront d'ordre politique». Et d'insister : «Le CNDDC exige l'ouverture immédiate d'un dialogue avec les représentants de la coordination, et ce, pour faire échouer toutes les manœuvres et manipulations. Nous savons que le pouvoir refuse toujours de nous voir comme interlocuteurs. Que l'on ne compte pas sur nous pour baisser les bras et nous décourager.» Par ailleurs, des membres du CNDDC ont indiqué dans leur discours que les portes du dialogue avec les responsables locaux sont toujours closes. Selon les organisateurs de ce mouvement de protestation, une marche pacifique aura lieu le 9 avril prochain à Ghardaïa chapeautée par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme pour dénoncer l'arrestation et la détention de 10 membres de cette ligue. Les mêmes représentants ont insisté sur le fait que les démonstrations se feront dans la rue jusqu'à ce que le pouvoir accepte de dialoguer avec les représentants du CNDDC.