L'euphorie footballistique passée, le front social reprend de plus belle son souffle contestataire. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a entamé hier une grève cyclique de trois jours qui a enregistré un taux de suivi national de 82%. « Nous sommes très satisfaits de la réponse de nos adhérents, ce qui prouve la justesse de nos doléances », souligne le docteur Lyes Merabet, porte-parole du Snpsp, contacté hier. Dans un communiqué rendu public, le même syndicat a enregistré des taux de suivi pratiquement similaires dans les wilayas du pays. Ainsi, à Alger, Constantine, Tlemcen, Aïn Defla, les praticiens de la santé ont répondu à l'appel de la grève avec un taux de 80%. Le plus fort taux de suivi a été enregistré dans la wilaya de Skikda avec 92%, suivie de Blida (90%) et de Tizi Ouzou (87%). Dans les wilayas de Béjaïa et Tipaza, les praticiens ont affiché leur adhésion à l'appel du Snpsp avec un taux de suivi de 85% contre 75% à Sidi Bel Abbès et Adrar. Le taux le plus faible, qui est tout de même appréciable, est de 60% et a été enregistré dans la wilaya de Ouargla contre 65% à Ghardaïa. Tout en affichant sa satisfaction de l'engagement des praticiens de la santé, le docteur Merabet s'est dit « déçu » par l'attitude du ministère de la Santé qui « n'a affiché aucune réaction ni volonté de sortir de la situation de marasme dans laquelle exercent les praticiens de la santé publique ». Ce manque de sollicitude de la tutelle pousse à la radicalisation du mouvement. Le Snpsp a décidé de reconduire le mouvement de grève à raison de trois jours chaque semaine jusqu'à aboutissement de toutes les revendications. La promulgation du statut particulier des praticiens de la santé demeure en tête des préoccupations des médecins, qui ne comprennent pas pourquoi le partenaire social n'a pas été associé à la confection de la mouture présentée à la chefferie du gouvernement. « Ce statut, qui n'est non seulement pas encore promulgué, de plus il a été remis au gouvernement sans le consentement du partenaire social. Il s'agit là d'un mépris flagrant vis-à-vis des médecins », a souligné le docteur Merabet, qui estime que le ministère transgresse ses propres engagements. « Nous travaillons sur le projet de statut particulier depuis l'été 2004 et aujourd'hui, dans un mépris total, le ministère nous prive de voir la mouture présentée au gouvernement et de donner notre accord. Il faut savoir que la classification, telle que donnée par la dernière grille des salaires, est contestée », a souligné notre interlocuteur, en notant que les garanties arrachées lors de la dernière réunion avec le ministre, le 22 juillet 2009, ont été fourvoyées. Autre point retenant l'intérêt des grévistes, celui ayant trait au régime indemnitaire. « Le ministère refuse l'idée d'une commission mixte pour définir le nouveau régime indemnitaire. Il y a une ambivalence dans le discours de la tutelle qui tantôt affiche une disponibilité pour le dialogue mais quand on demande une réelle assise de dialogue c'est l'échappatoire », indique le porte-parole du Snpsp. Ce dernier tient par ailleurs à dénoncer des actes de pression contre les cadres syndicaux. « Nous avons relevé des cas d'entrave à l'activité syndicale que ce soit à Alger, Laghouat ou ailleurs. Des cadres syndicaux sont l'objet de mesures disciplinaires arbitraires, ils sont mutés ou gênés dans leurs activités parce qu'ils appartiennent à un syndicat autonome », a indiqué le porte-parole du Snpsp en notant que de telles pressions se répercutent négativement sur les activités du syndicat. « Nos adhérents ont peur des représailles, mais cette formidable adhésion à la grève ne fait que renforcer notre détermination à arracher nos droits » a-t-il conclu.