Au total, plus de 36 millions d'électeurs ont été appelés aux urnes. Selon les sondages, le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko est crédité de plus de 44% des intentions de vote devant l'ancienne égérie de la révolution Orange de 2004, Ioulia Timochenko. «La première chose à faire, c'est d'apporter la paix à tous les citoyens ukrainiens. Et les personnes armées doivent quitter les rues des villes et des villages», a déclaré M. Porochenko après avoir voté dans le centre de Kiev. Votant dans sa ville natale Dnipropetrovsk, l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko a, quant à elle, répété son credo : «Un référendum sur l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan pour rétablir la paix en Ukraine.» Plus de 40% des électeurs ont voté à 15h (heure locale, 12h GMT), cinq heures avant la fermeture des bureaux, selon la Commission électorale centrale. A Kiev les électeurs patientaient dans de longues files d'attente pour voter et choisir leur nouveau Président, ainsi que leur nouveau maire. Mais dans l'Est séparatiste où les insurgés avaient averti qu'ils feraient tout pour empêcher le déroulement du scrutin, l'immense majorité des bureaux de vote étaient restés fermés. Selon la Commission centrale électorale, seul un tiers des districts électoraux des régions de Lougansk et de Donetsk ont fonctionné. Ainsi, dans le bastion rebelle de Donetsk, aucun bureau de vote n'a ouvert et les rues de la ville étaient désertes. Dans la région, le taux de participation a atteint 9,11% à 15h. Le scrutin avait peu de chance de se dérouler, entre la peur des électeurs d'aller voter, les commissions électorales locales sous le contrôle des séparatistes ou tout simplement parce que les urnes et les bulletins de vote n'avaient pas pu parvenir à tous les bureaux de vote. Cette présidentielle confirme, une fois de plus, la particularité de la région du Donbass. Grand favori du scrutin, le milliardaire Petro Porochenko, 48 ans, s'engage à gérer l'Ukraine comme il gère sa très prospère entreprise de fabrication de chocolats Roshen. Il n'est pourtant pas assuré d'être élu au premier tour et devra peut-être patienter jusqu'à un hypothétique second tour le 15 juin. Ses principaux rivaux, Ioulia Timochenko et le pro-russe Serguiï Tiguipko rêvent d'un second tour où les cartes seraient rebattues. Vendredi, le président russe Vladimir Poutine, dont la gestion de la crise avec l'Ukraine dans la foulée du dossier syrien, a consacré le retour de la Russie sur le devant de la scène internationale, avait esquissé un geste d'apaisement en annonçant qu'il respecterait le «choix du peuple ukrainien» et travaillerait avec le chef de l'Etat élu. Ceci dit, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a tenu à se rendre, hier, en Crimée pour rappeler à Kiev certaines réalités géopolitiques.