Le lycée colonel Mohand Oulhadj de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi-Ouzou), est depuis la rentrée scolaire plongé dans une instabilité récurrente. Une pagaille indescriptible règne au sein de l'établissement et aucune solution ne plane à l'horizon. Après plus de six semaines de rentrée des classes, les cours n'ont pas encore été entamés. Cette pagaille s'est installée depuis l'année dernière avec l'impossibilité de la direction de l'éducation d'installer un staff administratif stable et complet. Le lycée ne dispose, dès lors, ni de proviseur, ni de censeur, ni de surveillant général et fonctionne avec un nombre très réduit d'adjoints d'éducation. Constatant le vide récurrent en matière de personnels administratif et dans l'impossibilité d'affecter convenablement le personnel qui s'impose, la direction de l'éducation a installé un professeur comme proviseur pour gérer l'établissement, devenu, malheureusement, depuis quelques mois ingérable. La situation ne cesse depuis de se dégrader et les élèves ont pris le mauvais virage. Depuis la rentrée scolaire 2014/2015, les élèves, notamment ceux de première année secondaire, sont en grève depuis plus de trois semaines, à priori pour des raisons de surcharge des classes, oscillant entre 40 et 45 élèves, mais beaucoup plus par le fait que ces mêmes élèves sont logés dans des classes aménagées dans des dortoirs, trop exigües. Les élèves viennent chaque matin, certains font cours et d'autres trainent dans la cours et à midi, ils rentrent chez eux. Les élèves évoquent le manque d'eau, mais l'ADE assure deux camions citernes qu'elle livre quotidiennement. Par ailleurs, la démission des parents d'élèves qui complique cette situation et pointée du doigt autant par l'administration que par les professeurs. Sur les quelque 800 élèves, seule une trentaine de professeurs qui s'inquiète de l'avenir de ses enfants, vient se renseigner sur les raisons de ces turbulences qui s'installent dans la durée. Cela est d'ailleurs remarqué lors d'une réunion où à peine une cinquantaine de parents a marqué sa présence. Avec le temps, les élèves sont devenus quelque peu violents. Des déprédations sont devenues monnaie courante. Des vitres brisées, du mobilier saccagé, des mises à feu des espaces broussailleux proche de l'établissement…etc. Mercredi dernier, ce sont les professeurs qui se sont mis en grève. Ils réclament tout simplement de la sécurité. La peur s'est installée en raison de la démission des parents d'élèves d'une part, et de la direction de l'éducation qui a laissé « pourrir » la situation, d'autre part. Selon un professeur, le travail est devenu un calvaire. Pendant qu'ils font cours pour les quelques élèves qui daignent prendre part, les couloirs de l'établissement grouillent d'élèves des autres classes. Ils s'invitent même dans la classe pour perturber le cours et inviter les élèves à sortir. Des cailloux lancés de l'extérieur claquent sur les vitres en plein cours. «Comment voulez-vous travailler ?», clament les professeurs. En l'absence de proviseur, de surveillants et d'insuffisance d'adjoints d'éducation, les élèves sont livrés à eux-mêmes. Aujourd'hui, alors que les autres établissements sont en période d'examen (premiers devoirs), ceux du lycée colonel Mohand Oulhadj, n'ont même pas entamé l'année scolaire.