Hormis quelques heures de cours menées carrément au forceps, les élèves du lycée Colonel-Mohand-Oulhadj de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi Ouzou) sont à leur septième semaine de grève, soit une cinquantaine de jours de turbulences sans fin. Depuis la rentrée scolaire, les conditions pour mener les cours dans les règles de l'art sont quasi inexistantes. Un lycée sans équipage de bord va droit au crash, et cela sous les regards complaisants de la direction de l'éducation qui a laissé pourrir la situation, alors que les problèmes auraient pu être solutionnés dès la première semaine de la rentrée scolaire. Les élèves sont livrés à eux-mêmes et constatent le vide incommensurable au niveau de l'établissement, avec l'absence de proviseur, puisque c'est un professeur d'arabe qui est chargé depuis deux ans de gérer la situation, en plus de l'absence du censeur, de surveillants généraux, d'adjoints d'éducation, d'agents de service et d'entretien, ce qui a donné lieu à une dégradation et à une situation de pourrissement dans l'établissement. Même les professeurs ont mis au jour leur malaise, leurs appréhensions et leur incapacité à mener les cours dans une ambiance de travail qui laisse à désirer. Face aux classes surchargées, à la libre circulation des élèves dans les couloirs, aux comportements inappropriés de certains élèves et à la dégradation du mobilier scolaire, les cours sont devenus pratiquement impossibles. Récemment encore, les autorités locales ont diligenté, à partir du chef-lieu de wilaya, une délégation comprenant un représentant du wali et des responsables de bureaux au niveau de la direction de l'éducation, mais la situation n'a pas évolué d'un iota. Outre cette ambiance malsaine qui sévit au lycée s'ajoutent les assèchements répétés de la bâche d'eau du lycée (c'est un camion-citerne qui livre quotidiennement 3000 litres d'eau), alors que les élèves ont été fortement contrariés par les modifications incompréhensibles des emplois du temps. Tamazight serait devenue un objet inavoué de déstabilisation, et les chefs des établissements scolaires de toute la wilaya agissent à leur guise dans la prise en charge de cette langue. Pour preuve, à Bouzeguène, les lycéens ont été surpris de constater que tamazight ne figure pas dans les emplois du temps qui ont été aménagés cette semaine. K. N. O.