Les températures exceptionnellement basses que vient de connaître la région ont eu des effets dévastateurs sur certaines cultures. De mémoire de fellah du Dahra, c'est bien la première fois depuis 50 ans que des températures aussi négatives sont enregistrées sur une aussi longue période. Surtout qu'elles furent précédées d'un automne extrêmement doux. Ce qui incitera nombre de paysans, l'abondance de pluie aidant, à investir précocement les champs. Habitués à une pluviosité parcimonieuse, ils seront nombreux à s'investir dans plusieurs cultures de saison. Ce seront les fèves et les petits pois qui seront les plus privilégiés en raison de leur prix de cession habituellement très élevés. C'est ainsi que de toutes parts, y compris sur les terres réservées à la céréaliculture, les fellah choisiront ces légumineuses précoces dont les parcelles entrent rapidement en production, pour la grande majorité. Ce qui fera énormément de mal aux gousses en formation. Seule la bande côtière, en raison des effets de la mer, sera sensiblement épargnée. Mais dès que l'on s'enfonce à l'intérieur, partout c'est la désolation. Des champs de plusieurs hectares ont été laminés par la neige et les températures gélives de la nuit. La persistance du froid durant tout le mois de février ne fera qu'accentuer le phénomène. C'est ainsi que plusieurs dizaines d'hectares répartis dans les communes de Sirat, Bouguirat, Haciane, Souaflias, Saf Saf, Oued El Kheir, Touahria, Aïn Tédelès ou Fornaka et surtout celles limitrophes de Relizane et Mascara, subiront les effets néfastes du froid. Au niveau de Saf Saf, Hadj Bendhiba nous montre ses parcelles où ni les fèves ni les petits pois ne seront épargnés. Sur les premières, on observe des dégâts très importants sur les gousses qui ont toutes noircies sous l'effet du gel. Les pois qui tentent naïvement de refleurir risquent d'être submergés par les autres cultures intercalaires que le fellah tente d'introduire pour sauver sa saison. Des champs laminés par la neige Le calendrier cultural est perturbé alors que chez les arbres fruitiers, seuls les amandiers ont été surpris en pleine floraison, pêchers, pruniers et abricotiers se sont abstenus. Par contre les citronniers quatre saisons n'ont pas été épargnés. La vigne habituellement prompte à bourgeonner a préféré différer cette opération. Certains champs de pomme de terre ont été fortement surpris. La faute incombe en grande partie aux fellahs. En effet, soucieux d'être les premiers sur le marché, quitte à ne commercialiser que de minuscules tubercules, certains ont anticipé les semis, parfois de manière irraisonnable. Ceux, qui dès la seconde quinzaine de novembre, avaient fait le pari hasardeux de semer, verront leur premier bourgeon complètement gelé par le froid sibérien de janvier et de février. Pour d'autres, ce sont les pluies intenses et soutenues qui empêcheront les minuscules bourgeons de percer le sol croûteux. Seuls les cultivateurs les plus sereins échapperont à la catastrophe en ne semant qu'à la fin janvier. Pour les autres, ce sont parfois de centaines de milliers de dinars qui sont partis en fumée. Surtout qu'au niveau des assurances, rares sont ceux qui auront pris la précaution de se prémunir. Des perturbations dans la filière pomme de terre ne sont pas à exclure. Toutefois, du coté des services de l'hydraulique, c'est un optimise serein qui prime. Car en raison de la structure alvéolaire du plateau, on ne désespère pas de voir la nappe remonter de manière significative.