Il s'agit du plus lourd bilan enregistré dans la capitale afghane depuis la fin de la mission de combat de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) en décembre. La mission de l'OTAN en Afghanistan, Soutien résolu, a confirmé hier la mort de 8 civils qu'elle employait dans l'assaut de vendredi soir mené par des insurgés contre Camp Integrity, une base des forces spéciales américaines proche de l'aéroport de Kaboul. Les victimes sont toutes afghanes, selon la société de sécurité qui les employait. Un soldat étranger, dont la nationalité n'a pas été précisée, a également trouvé la mort. Les rebelles talibans ont revendiqué cette attaque, ainsi qu'un attentat qui a tué 27 personnes, des civils et des cadets de la police afghane vendredi. En revanche, ils n'ont pas revendiqué la première attaque de cette série qui a fait 15 morts dans une zone résidentielle dans la nuit de jeudi à vendredi. En début de soirée de vendredi, un kamikaze s'est fait exploser devant l'entrée d'une académie de police de Kaboul, alors que les cadets rentraient de week-end, selon le chef de la police de Kaboul. Une source sécuritaire a expliqué qu'il s'était fondu dans la masse grâce à l'uniforme qu'il portait. Deux sources sécuritaires, ayant requis l'anonymat, ont évoqué hier un nouveau bilan de 27 morts. Moins de 24 heures avant cette attaque, un attentat au camion piégé a ciblé un quartier résidentiel du centre de Kaboul, tuant au moins 15 personnes, selon Sayed Zafar Hashemi, porte-parole du président Ashraf Ghani. Ces attentats interviennent après l'annonce de la mort, la semaine dernière, du chef des talibans, le mollah Omar, qui a été remplacé par le mollah Mansour. Par ailleurs, une partie des talibans est hostile aux pourparlers de paix entamés il y a un mois avec le gouvernement afghan. Après un premier cycle de dialogue organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée à une date non déterminée après l'annonce de la mort du mollah Omar. Bourbier Après treize ans de présence en Afghanistan, les forces de combat de l'OTAN, à savoir l'ISAF (Force internationale d'assistance à la sécurité), quittent le pays comme elles l'ont trouvé. Un pays en ruine où l'instabilité et l'insurrection des talibans ne font que prolonger un conflit qui a déjà bouclé ses 35 ans l'an dernier. Le 1er janvier de l'année en cours, la mission Soutien résolu pour l'aide et la formation de l'armée afghane prend le relais avec 12 500 hommes. A la fin 2015, les troupes américaines en Afghanistan diminueront de moitié. Fin 2016, il ne restera plus qu'une force pour protéger l'ambassade à Kaboul. Washington continuera néanmoins à fournir un soutien aérien aux autorités afghanes et pourrait intervenir directement en cas d'avance rapide des talibans. Ces derniers ont averti le nouveau président Ashraf Ghani, qui a pris ses fonctions en septembre 2014, qu'ils ne participeraient à aucune discussion sur la paix tant que des soldats étrangers resteront en Afghanistan. Son prédécesseur, Hamid Karzaï, a fini par se brouiller avec les alliés. Ayant à maintes reprises protesté auprès de Washington à cause des raids américains qui ont fait des victimes civiles, il a décidé de négocier directement avec les talibans, sans associer Washington. Il compte résoudre le conflit avec les talibans sans intermédiaire. Ses efforts se sont poursuivis en vain jusqu'au dernier jour de sa mandature, le 29 septembre 2014. Le président Ghani préfère faire appel à l'Arabie Saoudite et à la Chine, sachant que Pékin entretient de bonnes relations avec le Pakistan, pays qui abrite des bases arrière des talibans. Ce qui facilitera les négociations avec les talibans. En 1979, en pleine guerre froide, les forces soviétiques ont envahi l'Afghanistan. Soutenus par l'Occident, notamment les Etats-Unis, les Afghans prônent la résistance contre l'envahisseur qui finit par quitter le pays en février 1989. En 1992, le gouvernement de Najibullah, allié de Moscou, tombe, se déclenche alors une guerre civile entre factions afghanes. Dans cette situation d'instabilité et de vide politique, les talibans font leur apparition soutenus par le Pakistan. Ils prennent le pouvoir en 1996 et installent un régime fondé sur une interprétation rigoriste de la loi islamique. Sanctionné par l'Organisation des Nations unies (ONU), le régime taliban se rapproche d'Al Qaîda et accueille son chef Oussama Ben Laden. Après les attentats du 11 septembre 2001 à New York, les Etats-Unis et leurs alliés de l'OTAN interviennent militairement en Afghanistan et évincent les talibans du pouvoir.